Après les hôtels illégaux, les restaurants clandestins ?

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Paris. Alors que les pouvoirs publics s’emploient à réguler les abus des plateformes de locations saisonnières, la mode des repas chez les particuliers pourrait être une source d’angoisse majeure pour la profession.

Il y a 20 000 hôtels qui ne portent pas leur nom à Paris“, clamait en novembre dernier l’adjoint au maire de Paris en charge de toutes les questions relatives au logement, à l’habitat durable et à l’hébergement d’urgence. À l’occasion de cette rencontre, Ian Brossat se disait au courant de l’utilisation nouvelle des logements d’habitation pour délivrer des prestations payantes de restauration. Mais l’élu bottait alors en touche : “Nos services ne sont pas compétents dans ce domaine”.

Le patron de Gira Conseil n’aura pas tardé à tester la plateforme VizEat. “Nous avons passé une délicieuse soirée“, s’enthousiasme Bernard Boutboul, qui considère que le seul danger du concept serait de tomber sur des convives ennuyeux. Le spécialiste des CHR conçoit que des abus puissent être possibles. Des dîners dits de partage’ qui déguiseraient une activité lucrative, sans règles ni taxes, feraient redouter une nouvelle concurrence déloyale pour les restaurateurs, traiteurs ou cuisiniers à domicile. Depuis le repas de l’expert, la start-up française a croqué l’américaine EatWith. Le leader mondial “des expériences culinaires chez des hôtes”, co-fondée par Jean-Michel Petit et Camille Rumani, une entrepreneure classée parmi les 29 Français de moins de 30 ans les plus prometteurs, selon le palmarès Forbes 2018, revendique désormais une présence dans 130 pays.

Pour un encadrement du ‘social dining’

VizEat devenu Eatwith a poursuivi son développement à l’international en faisant l’acquisition de Grub Club, site culinaire événementiel 100% londonien : c’est désormais la plus large communauté de social dining dans le monde. Attentif au contrôle du profil de ses hôtes, EatWith invite tout de même à bien consulter les commentaires avant de réserver chez un particulier. “La moralité de ce type d’activité est en cause, avec des débordements possibles dans les immeubles. La consommation d’alcool est régulièrement proposée alors qu’elle est illégale. Les problèmes d’hygiène, de sécurité et de concurrence se posent. La profession a une position commune au niveau européen. Il s’agit de restaurants clandestins ! Nous allons faire requalifier systématiquement ces restaurants ‘à domicile’ en établissement recevant du public (ERP), avec toutes les contraintes que cela induit”, s’emporte Hubert Jan, le président de la branche restauration de l’Umih, qui ne constate pas, avec soulagement, d’amplification notable du phénomène : “Nous avons désormais des études chiffrées. Elles s’ajoutent à une veille des plateformes. Le soufflé ne monte pas en France. Les prix sont élevés et les commentaires plutôt négatifs !“.

La directrice juridique de l’Umih, Julie Besse, ajoute : “C’est d’abord un problème de santé publique. Ces plateformes de’social dining’ doivent être encadrées. À domicile, toutes les règles seraient bafouées à la simple évocation d’une idée de partage ? Quant aux déclarations du fondateur d’Airbnb sur Europe 1, le 22  février dernier, elles ne sont pas de nature à nous rassurer puisque Brian Chesky, pour qui “Paris est la ville la plus importante du monde pour Airbnb”, évoquait clairement le projet se lancer dans cette activité !”
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