Comment les groupes hôteliers apprivoisent les éco-gestes

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AccorHotels, Starwood, Six Senses, Shangri-La, Nomad… tous sont impliqués en faveur du développement durable. Un parti pris qui nécessite de la pédagogie, tant auprès des équipes que des clients.

© DR Cultures à la verticale sur le toit du Mercure Paris Boulogne.
© Sophie Lloyd Réduire l’empreinte écologique est une priorité dans chaque Nomad Hotel.

“C’est dans l’ADN du groupe d’avoir une démarche en faveur du développement durable.” Une démarche à laquelle Jérôme Schehr, directeur financier Europe et Canada chez Shangri-La Hotels and Resorts est sensible. Si bien qu’il a accepté dès l’ouverture du Shangri-La parisien d’en superviser le volet environnement. Pour lui, faire adopter des éco-gestes aux salariés d’un établissement, de luxe ou pas, cela relève du “basique” et “des standards de l’hôtellerie”.

Ainsi le palace de l’avenue d’Iéna (XVIe) fait-il valoriser, chaque année, quelque 140 tonnes de déchets par une centrale francilienne de production d’énergie. Côté fournisseurs, les filières les plus courtes sont privilégiées et “l’ensemble des espèces protégées, tout comme les ailerons de requin ont été supprimés des cartes des Shangri-La du monde entier”, souligne Jérôme Schehr.

À cela s’ajoute des produits biologiques utilisés au spa ou encore l’incitation des salariés à être vigilants aux robinets qui coulent ou à éteindre les lumières dans les pièces vides : “Ces habitudes sont entrées dans les moeurs des nouvelles générations”, observe le directeur financier. En effet, selon une étude menée par Nielsen et la chaire grande consommation de l’Essec Business School, 70% des Millennials adaptent quotidiennement leurs gestes aux enjeux du développement durable.

“Le client fait des économies, mais nous aussi”

“Dans nos hôtels, le client ne paie que ce dont il a besoin”, explique Maïwenn Priser, responsable marketing de la marque Nomad Hotels au sein du groupe Oceania Hotels. Autrement dit : s’il se passe de climatisation, de femme de ménage, de serviettes changées et respecte un certain volume d’eau consommé, le prix de sa chambre peut chuter de 40 %.

Un positionnement gagnant-gagnant : “Le client fait des économies, mais nous aussi.” “Notre objectif est de réduire l’empreinte écologique de chacun de nos hôtels, depuis sa construction – avec panneaux solaires, matériaux recyclés et recyclables… – jusqu’à son exploitation”, poursuit Maïwenn Priser. Le tout dynamisé par une démarche participative de la part des équipes, formées et donc prêtes à informer, et de la clientèle qui joue le jeu du bonus-malus. Résultat : après les Nomad Hotels de Roissy (Val-d’Oise) et du Havre (Seine-Maritime), cinq à dix nouveaux établissements devraient ouvrir leurs portes en France d’ici à 2020.

“Un salarié qui se sent bien va faire vivre une bonne expérience aux clients”

En 1995, on se souciait moins de l’impact de l’industrie hôtelière sur l’environnement. Le groupe Six Senses, créé cette même année, a pourtant misé d’emblée sur les vertus de la nature, du bio, puis du développement durable. À l’époque, ce positionnement en faisait sourire certains. Aujourd’hui, Six Senses fait figure de pionnier de l’hôtellerie de luxe responsable et d’autres groupes utilisent, à leur tour, des produits organiques dans leur spa ou privilégient les circuits courts pour leur restaurant.

C’est le cas de Starwood, impliqué notamment dans une politique de restauration durable. Son slogan : ‘Mangez local, pensez global.’ Une façon d’encourager les pratiques de commerce équitable, produits locaux, bio et durables, réduire la consommation d’espèces menacées et n’utiliser que des oeufs de poules non élevées en batterie. “Le développement durable fait désormais partie des enjeux de l’hôtellerie”, souligne Philippe François, président d’Ecorismo.

Un défi derrière lequel on trouve aussi bien la réduction des consommations d’énergies qu’une politique forte en terme de responsabilité sociétale. “Un salarié qui se sent bien dans son entreprise va faire vivre une bonne expérience aux clients”, affirme Jérôme Schehr. C’est pour cela que le Shangri-La parisien veille au bien-être de ses équipes. “Des lève-lits ont été installés pour faciliter le travail des femmes de chambre”, cite en exemple le directeur financier.

Mais le palace, qui oeuvre pour obtenir la certification ISO 14001, est également mobilisé aux côtés de l’ONG Play International, qui vient en aide aux personnes vulnérables par le biais du sport. Ainsi les salariés du Shangri-La participent-ils aux 10 km Nike, à la Course Vertigo ou aux 20 km de Paris. Courir pour une bonne cause permet de fédérer un esprit d’équipe autour de valeurs qui font écho à celles du palace parisien : respect, humilité, entraide, courtoisie… “Le mot clé du développement durable, conclut Jérôme Schehr : c’est la cohérence.”

Source : Anne Eveillard – Comment les groupes hôteliers apprivoisent les éco-gestes