Quand la Chine s’éveille aux vins du Languedoc

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Longtemps dépourvus de culture œnologique, les Chinois importent aujourd’hui majoritairement des vins du Languedoc. Les sites de vente en ligne sont pour beaucoup dans cet engouement.

Depuis six ans, les exportations des vins du Languedoc ne cessent d’augmenter (+ 45 %), avec un bond exceptionnel de 11,9 % en 2017. En tête du palmarès : la Chine. « Ce sont surtout les AOC languedoc et corbières qui sont les plus demandées sur le marché chinois », précise Jérôme Villaret, le directeur du Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL).

Un travail de pédagogie du vin

Ce résultat récompense dix ans de travail intense sur le terrain. « Au début, on rencontrait en Chine des importateurs qui n’avaient aucune culture du vin et qui pouvaient boire cul sec, raconte Jérôme Villaret. Il a fallu passer du temps à expliquer… Mais rapidement sont apparus des importateurs spécialisés, des sommeliers aussi. Le marché bouge à une vitesse fulgurante, notamment depuis deux ou trois ans grâce au numérique. »

Des sites chinois comme ­Yesmywine.com ou Alibaba.com proposent aux consommateurs, surtout citadins, de livrer la bouteille du dîner par coursier à vélo. Ce mode de commercialisation encourage depuis trois ans la consommation de bouteilles du Languedoc, vendues au prix moyen de 10 euros. Une réglementation, a priori restrictive, a finalement donné un coup de pouce : « En 2015, l’administration chinoise a interdit les cadeaux de plus de 30 euros aux fonctionnaires. Ce qui a défavorisé les vins chers, mais a contribué à aider les vins du Languedoc », note le patron du CIVL.

« Les négociations peuvent durer des heures, des mois, voire des années. Par exemple, il faut expliquer pourquoi un corbières coûte plus de 2 euros ! » Clémence Fabre, productrice dans les Corbières.

Vigneron dans les Corbières, à la tête de la société familiale Fabre, avec cinq domaines (350 hectares en bio), Louis Fabre s’est rendu plusieurs fois dans le pays le plus peuplé du monde pour diversifier ses marchés à l’exportation : « Avant, les Chinois achetaient des bouteilles chères. Aujourd’hui, ils ont appris à goûter. Ils achètent désormais pour se faire plaisir et partager du vin. C’est incroyable le nombre de bars à vins qui ont surgi durant les cinq dernières années. »

Ce dernier croit tellement à la Chine que sa fille ­Clémence s’est installée à Hongkong il y a trois ans. Ambassadrice des vins de sa famille, elle fait de plus en plus résonner l’appellation dans ce pays. Des liens se créent. Au point que des Chinois ont acheté il y a quelques années un château viticole dans les Corbières, La Bastide.

Mais, pour construire un marché durable en Chine, il faut savoir donner de sa personne : « Les négociations peuvent durer des heures, des mois, voire des années. Il faut expliquer pourquoi un corbières par exemple coûte plus de 2 euros ! », explique Clémence Fabre, qui se promène toujours avec du thym ou du romarin sauvage dans sa valise pour faire profiter de sa garrigue à l’autre bout du monde.

Source : Quand la Chine s’éveille aux vins du Languedoc