Indépendant depuis 1964 et la création de la Tanzanie, l’archipel de Zanzibar bouscule sa quiétude légendaire avec un nouvel essor touristique.
Tendance de fond ou simple effet de mode ? Longtemps écarté de l’autoroute du développement touristique emprunté à pleine vitesse par des voisins comme l’île Maurice ou les Seychelles, l’archipel de Zanzibar, partie insulaire de la Tanzanie baignant dans l’océan Indien, se met à la page. Rafraîchissement d’infrastructures hôtelières ridées par les années, amélioration d’un réseau routier encore sommaire, projet de construction d’un nouvel aéroport : les autorités locales semblent vouloir prendre en marche le train du développement touristique. Et tenter de renouer avec un passé, entre route des épices et commerce triangulaire, aussi glorieux que tourmenté.
Le défi n’est pas mince dans un pays où la très grande majorité de la population ne dispose ni de l’eau courante ni de l’électricité, où les déplacements quotidiens s’effectuent en « dala dala », minibus souvent surchargés, l’automobile individuelle étant un rêve que seule une infime élite peut caresser. Naturellement généreuse, Zanzibar nourrit tous ses enfants à défaut de pouvoir les sortir de la pauvreté. Elle les éduque également avec constance, entre école laïque et école coranique, dans un pays où la population est musulmane à près de 90 %.
Une agriculture en déclin
Le tourisme, raisonnable et raisonné, qui a suppléé l’agriculture – en particulier la culture du clou de girofle -, comme source principale de revenus dans l’archipel, pourrait contribuer à améliorer le quotidien d’une population longtemps isolée et désormais connectée au monde qui l’entoure. À l’image de ces guerriers massaïs, venu du continent voisin pour assurer la sécurité des plages, tenue traditionnelle en étoffe rouge et bâton à la main, le portable jamais très loin de l’oreille.
Parce que Zanzibar bénéficie d’atouts naturels que peu de concurrents peuvent lui disputer. Aux longues plages de sable blanc plongeant mollement dans les eaux turquoise, l’archipel ajoute une variété de paysages assez rares, avec une répartition des rôles soignée. À Pemba, que l’on rejoint seulement par ferry ou par navette aérienne locale, l’hébergement de luxe, à Ugunja, l’île principale, où est situé l’aéroport international, la volonté de développer un tourisme essentiellement européen longtemps centré sur le seul marché italien.
Plongée et safari
Entre les sites de plongée exceptionnels, des plages ventées dédiées au kite-surf, d’autres plus abritées qui incitent à un farniente décomplexé, la partie insulaire de la Tanzanie dispose d’atouts majeurs. Malgré l’éloignement, les tour-opérateurs européens qui explorent ce marché émergent parient sur la complémentarité avec les safaris animaliers organisés dans les grandes réserves naturelles de la partie continentale de la Tanzanie.
Mais si les lumières de Dar Es Salaam, la capitale du pays distante seulement de 45 kilomètres, se devinent parfois à l’horizon en flânant sur le port de Stonetown, la vieille ville insulaire, Zanzibar garde ce charme indéfinissable qui colle à la peau des îles lointaines. Et dévoile des atours à la hauteur des attentes d’exotisme suscitées par un nom aussi puissamment évocateur, constituant un ensemble assez conforme à l’idée que l’on peut se faire d’un petit paradis.