Le tourisme contraint de s’adapter à la « révolution verte »

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Tourists watch as a cruise ship makes its was through Venice, Italy, July 17, 2017. Italian officials worry that the famed, sinking city is being further swamped by a "low-quality tourism" that is making life almost unbearable for residents. (Andrew Testa/The New York Times) *** Local Caption *** INTERNATIONAL FOREIGN EUROPE ITALY VENICE TOURISM CULTURE LIFESTYLE DISNEY HISTORY
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Pour la première fois, Air France utilisera du biocarburant pour ses vols au départ de San Francisco. Voyageurs du Monde finance de la reforestation pour compenser l’impact de ces clients. Comme eux, l’ensemble du secteur du tourisme s’interroge sur les moyens de réduire l’impact environnemental de son activité.

Air France fait un pas de plus vers la durabilité. A compter du 1er juin, la compagnie aérienne va opérer, pour la première fois, des vols long-courriers au départ de San Francisco avec 30 % de biocarburant à base d’huile de friture recyclée. C’est l’une des nombreuses actions que doivent assurer et assumer les acteurs du tourisme afin d’entrer dans la transition écologique et d’acter le développement d’un tourisme durable.

6.000 tonnes de CO2 en moins

Cette opération d’une durée de 16 à 18 mois permettra de réduire les émissions de CO2 d’Air France d’environ 6.000 tonnes, explique Sandra Combet, en charge des biocarburants et des énergies nouvelles chez Air France. De quoi vérifier ou non la pertinence des biocarburants dans le secteur aérien, dépourvu, à moyen terme, d’alternative énergétique au kérosène.

« Cette initiative s’inscrit dans notre objectif global, de réduire de 50 % nos émissions de CO2 d’ici à 2030, par rapport au niveau de 2005, qui sert d’année de référence », explique Anne Rigail , la directrice générale du groupe Air France. « Nous avons fait la moitié du chemin, il nous reste 25 % de réduction à trouver sur les dix prochaines années. »

Une stratégie globale

Le recours aux biocarburants fait partie d’une stratégie plus globale, qui comprend également le renouvellement de la flotte moyen et long-courrier d’ici à 2025, l’éco-pilotage, avec l’optimisation des trajectoires, le roulage au sol sur un seul moteur, l’électrification des engins au sol, ou encore l’allégement des aéronefs, qui permet de réduire la consommation de carburant. « Sur nos nouveaux Airbus A350, le poids des sièges a été réduit de 13 kg, souligne Anne Rigail. Or il faut savoir qu’un kilo de moins à bord d’un un avion représente 70 tonnes de CO2 de moins sur une année ».

Néanmoins, les biocarburants n’emportent pas l’adhésion de tous. Pour Jean François Rial, le PDG de Voyageurs du Monde, « les biocarburants ne peuvent être la solution, car remplacer le kérosène par des biocarburants pour le secteur mobiliserait la moitié des terres arables de la planète ». Pour le patron de Voyageurs du Monde, qui plante 3 millions d’arbres par an pour absorber les émissions de CO2 de ses clients, l’alternative est simple : « pour réduire les émissions de CO2, soit tu ne voles pas, soit tu absorbes », affirme-t-il.

Dimension sociale

Pour être véritablement « durable », le tourisme doit également se préoccuper de bien d’autres aspects de son empreinte environnemental, estime Jean-François Rial, telle que la gestion des ressources, la gestion des déchets, la protection de la biodiversité… « Il n’est pas acceptable que le tourisme monopolise l’eau potable ou que l’on maltraite les animaux », poursuit le patron de Voyageurs du Monde , qui insiste également sur « la dimension sociale ». « A l’étranger, nous passons des contrats stricts avec nos prestataires afin de s’assurer du respect des conditions de travail », explique-t-il.

Pour certaines entreprises, ces préoccupations environnementales, loin de poser problème, constituent des opportunités. C’est notamment le cas de la SNCF. Alexandre Viros, directeur général de « e-voyageurs.sncf », constate « un engouement des clients nationaux et internationaux qui préfèrent prendre le train que l’avion ». Un engouement sur lequel le ferroviaire veut capitaliser. Avec la mise en place d’un crédit CO2, la SNCF va organiser une partie de son programme de fidélité autour de la gratification des économies de CO2.

Et la réflexion ne fait que commencer dans le secteur. A l’heure du débat sur le «  surtourisme  », le gouvernement a mandaté l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), il y a quelques mois, pour engager un secteur en pleine évolution dans ce tourisme qui se doit d’être durable, ou qui ne sera plus. Les travaux seront présentés lors du prochain Comité interministériel du tourisme, prévu début 2020. Il conviendra de trancher, à l’avenir, s’il convient de contingenter le nombre de visiteurs sur certains sites naturels, ira-t-on vers une étoile verte dans la classification des hôtels et les campings.

Source : Le tourisme contraint de s’adapter à la « révolution verte »