L’explosion du tourisme mondial pose plus que jamais la question de la transition écologique

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Les chiffres du tourisme mondial explosent, les prévisions avec, sans cesse dépassés par la déferlante voyageuse. Dernier chiffre en date, 1,5 milliards d’arrivées de touristes internationaux en 2019.  Les 1,4 milliards d’arrivées de touristes internationaux en 2018, résultat prévu pour 2020, était arrivé avec deux ans d’avance sur le calendrier de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT)… Et la planète dans tout cela ?

Partout, des taux de croissance impressionnants, des pays émetteurs telle la Chine où les classes moyennes en constante augmentation, veulent toutes leur part d’évasion. Et la planète dans tout cela ? Elle s’essouffle, posant plus que jamais la question d’un tourisme plus durable.

Nouvelle année record pour le tourisme mondial

Le tourisme mondial va bien, très bien même… L’année 2018 avait enregistré le 2ème plus fort taux de croissance depuis 2010, soit 6% de progression, ce qui portait à 1,4 milliards les arrivées de touristes internationaux. L’année 2019 quant à elle, a vu la consolidation de ce taux de croissance : 1,5 milliard d’arrivées de touristes internationaux à l’échelle mondiale soit une hausse de 4 % par rapport à 2018 ; c’est aussi le taux attendu pour 2020…

Les raisons en sont nombreuses, dont l’augmentation des classes moyennes dans de nombreux pays d’Afrique et d’Asie, la stabilité des prix du carburant qui apaise les tensions sur les marchés, la guerre que se mènent les compagnies aériennes qui rendent les tarifs des transports plus abordables, la transition numérique qui offre l’évasion en quelques clics, etc.

La France a de quoi être fière, puisque d’après les chiffres de l’OMT, elle se place une fois de plus en tête des pays les plus visités, avec 89,4 millions de visiteurs étrangers devant l’Espagne (81,8 millions de touristes), les Etats-Unis (75,9 millions), la Chine (60,7 millions), l’Italie (58,3 millions), le Mexique (39,3 millions) et le Royaume-Uni (37,7 millions). Et cet élan positif semble prévu pour durer, puisque l’OMT annonce encore 3 à 4 % de croissance pour 2019, soit encore de belles années à venir.

L’explosion du tourisme chinois

Parmi les régions du monde où le tourisme émetteur explose, il faut citer le Moyen-Orient et l’Afrique, respectivement +10% et +7% l’an dernier mais aussi la Chine qui, malgré le ralentissement économique du moment, continue à envoyer toujours plus de touristes nationaux à l’étranger. Ainsi, selon les données de l’Académie chinoise du tourisme (CTA), les voyageurs chinois ont effectué 140 millions de voyages à l’étranger en 2018, une hausse de 13,5% par rapport aux 129 millions de l’année précédente.

En outre, toujours d’après la CTA, près de 81,29 millions de voyages à l’étranger auraient été effectués au premier semestre de l’année 2019 par des ressortissants chinois, soit une hausse de 14% sur un an, plus rapide que la croissance du tourisme domestique. Et si on regarde du côté des destinations qui intéressent les Chinois, on ne sera pas surpris de trouver les pays voisins, avec la Thaïlande, le Japon, la Corée du Sud et la Birmanie qui ont toujours la cote.

En Europe, la France est en tête de gondole avec 2,2 millions de Chinois qui ont visité la France en 2018 (chiffres de l’European Travel Commission). L’Italie, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Allemagne, la Russie, les Pays-Bas, la Suisse, la Grèce et l’Autriche sont également très populaires. Enfin, il faut noter que certains voyageurs de l’Empire du Milieu sont également de plus en plus attirés par des régions du monde moins fréquentées telles que l’Antarctique, qui pourrait attirer jusqu’à 10 000 visiteurs chinois en 2019, soit un touriste sur cinq se rendant en Antarctique.

Ou l’urgence de la transition vers le durable

Si le tourisme est plus que jamais l’un des moteurs les plus puissants de la croissance économique mondiale, touchant à des secteurs aussi divers que l’hôtellerie, la restauration, les transports, les loisirs…, il n’en pose pas moins la question de quel tourisme pour quelle croissance et finalement quel développement ?

À l’heure du réchauffement climatique et de la prise de conscience de plus en plus généralisée d’une catastrophe éminente si on ne change pas de modèle et de modes de consommation, le tourisme reste au cœur de nombre d’enjeux. Car finalement, à qui profitent ces bons résultats et ces chiffres mirobolants ? Aux populations locales qui peuvent ainsi utiliser l’argent du tourisme comme levier de développement local ? Trop rarement encore. Et la planète, sort-elle indemne de cette accélération des déplacements mondiaux ? Evidemment non. Une étude dirigée par un chercheur australien et publiée le 7 mai 2018 dans la revue Nature Climate Change évalue à 8% la part de l’impact du tourisme dans la production de gaz à effet de serre (GES) par les activités humaines.

Alors, si ici et là des initiatives de plus en plus nombreuses sont à l’œuvre pour tenter de répartir plus justement les flux touristiques, pour réfléchir aux impacts sociaux, environnementaux et éthiques d’une activité qui, bien gérée, pourrait être un véritable sésame pour tout un chacun, le tourisme reste encore trop souvent un étalage de chiffres et de statistiques dont les revenus ne profitent qu’à une infime partie de la population. Consciente qu’une réflexion de fond est plus que jamais nécessaire, l’OMT a en ce sens placé l’année 2019 « sous le signe de l’éducation, de l’acquisition de compétences et de la création d’emplois. » Vaste programme !

Source : L’explosion du tourisme mondial pose plus que jamais la question de la transition écologique