Dans l’océan Indien, à 230 km au nord-est de La Réunion, l’île Maurice offre des plages paradisiaques à perte de vue et un sublime lagon. Mais ce petit pays d’à peine 1 900 km2 n’est pas qu’une carte postale : ses habitants veulent aujourd’hui faire connaître leur culture et favoriser le développement durable.
Destination plébiscitée pour les voyages de noces ou de départ en retraite, l’île Maurice cherche à séduire de nouveaux touristes. « L’atout de Maurice, c’est son art de vivre », explique un guide. Riche d’une culture qui intègre des influences anglaises et françaises, l’île veut aujourd’hui mettre en avant tous ses atouts : sa gastronomie (attention au piment !), ses cultures (magnifiques champs de thé ou d’ananas), son multiculturalisme (Europe, Afrique, Asie), son histoire…
À l’image du domaine de Bel Ombre dans le sud. Sur cette ancienne plantation sucrière, deux hôtels et un golf (régulièrement arrosé par les pluies tropicales) ont vu le jour. Le propriétaire a aussi rénové les anciennes maisons des cultivateurs pour y faire des accueils bed and breakfast et créé un musée du coquillage.
Maurice veut aujourd’hui préserver sa richesse et éviter de reproduire les erreurs du passé. Si le pays a fait du dodo son animal totem, le gros volatile a disparu de l’île depuis plus d’un siècle. Le parc d’Ebony Forest a pour mission de préserver les espèces endémiques. Une centaine de milliers de plantes y ont été réintroduites. La promenade avec des guides biologistes, passionnante, offre une magnifique vue sur la baie de la côté sud-ouest et la terre des sept couleurs de Chamarel. La montagne du Morne qui domine l’océan est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. On peut l’escalader en trekking ou de s’y balader.
Une démarche écoresponsable
Au pied du Morne, il est possible de voir les dauphins au lever du soleil. La société Lokal Adventure propose de s’approcher des cétacés en kayak plutôt qu’en bateau à moteur. « Il faut absolument que l’on préserve notre environnement, c’est notre richesse », expliquent Anne et Elodie qui invitent aussi à plonger pour voir les coraux. Dans le même esprit, Laurent Marrier d’Unienville propose de parcourir l’île à vélo électrique.
Le gouvernement n’autorisant plus la construction le long des plages, l’hôtel Sunrise Attitude s’est élevé à Belle Mare, sur la cote est, de l’autre côté de la route.
Il se veut écoresponsable, proposant des gourdes au lieu des bouteilles d’eau, des produits en vrac… à l’image de nombreux complexes hôteliers qui reçoivent des touristes de plus en plus sensibles à l’environnement. Pour préserver la barrière de corail, certains ont banni les sorties en jet ski. « Aujourd’hui les hôtels essaient de servir des produits de l’océan Indien. Quel sens cela a de servir du saumon fumé venu de Norvège alors qu’ici on fait du marlin fumé délicieux ? », souligne Alexandre Piat, manager de développement durable pour le groupe hôtelier Rogers. Une démarche écoresponsable qui donne envie de se prélasser sur les magnifiques plages… sans remords.
On a aimé. Toutes les plages sont publiques (les hôtels n’ont pas le droit de les privatiser), la gentillesse des Mauriciens, la beauté des paysages, la pratique répandue du français.
On a moins aimé. Les moustiques dont la multiplication est favorisée par les pluies tropicales : n’oubliez pas le répulsif et n’hésitez pas à mettre des pantalons et des manches longues le soir.
La renaissance de l’île Maurice après la pandémie
Le 19 mars 2020, l’île Maurice ferme ses frontières comme de nombreux pays dans le monde et, le lendemain, le confinement est décrété pour faire face à l’épidémie de Covid-19. Les hôtels se vident d’un coup, les avions n’atterrissent plus à Port-Louis, la capitale. Ce que ne savent pas encore les acteurs du tourisme, c’est que ce confinement durera dix-neuf mois.
Alors que le gouvernement mauricien annonce prendre en charge les 120 000 emplois du secteur, les directeurs des complexes hôteliers décident de « profiter » de ce temps pour rénover les établissements et réfléchir au tourisme de demain. « Nous avons créé un potager pour essayer de favoriser les approvisionnements locaux », explique Clifford Pierre-Louis, manager de l’hôtel Heritage Awali, sur la côte sud de l’île.
Son établissement est implanté sur une ancienne exploitation de cannes à sucre aux côtés d’un autre hôtel de luxe, d’un restaurant gastronomique (dans l’ancienne demeure coloniale) et de maisonnettes en bed and breakfast regroupées sous le nom de Kaz’alala Hosted B&B. « Nous venions juste de commencer les travaux de rénovation de ces anciennes maisons d’ouvrier » lorsque les frontières de l’île ont été fermées, raconte Vincent Cavalot, manager d’un lieu au charme indéniable. Finalement, Kaz’alala ouvrira ses portes en même temps que l’ensemble du secteur touristique.
Le gouvernement demande aux hôtels de mettre en place des tests de dépistage et de réserver 5 % des chambres aux touristes qui seraient positifs avec un double enjeu : garantir la sécurité sanitaire des visiteurs et des habitants et éviter toute nouvelle fermeture. Un enjeu pour Arvind Bundhun, le directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) : « L’île Maurice compte 1,3 million d’habitants. Avant la pandémie, nous recevions 1,2 million de visiteurs par an. Nous voulons les retrouver. » Depuis janvier, 300 000 touristes sont déjà venus passer leurs vacances à Maurice.