Surpopulation touristique, dégradation des ressources naturelles, communautés locales repoussées… Les conséquences néfastes du tourisme de masse sont connues. Pour autant, les voyageurs qui aimeraient s’évader tout en prenant leur part de responsabilité ne connaissent pas toujours les destinations à éviter. Le guide américain Fodor’s les désigne dans un anti-classement très sérieux.
En 2020, lorsque la Covid-19 mettait le monde à l’arrêt et que les frontières étaient extrêmement compliquées à traverser, des sites naturels en proie à une surpopulation touristique avaient retrouvé leurs couleurs sous l’effet de l’absence de voyageurs. En seulement dix jours, l’eau des canaux de Venise était redevenue limpide tandis que les tortues étaient revenues sur les îles thaïlandaises de Koh Phi Phi, ravagées par le tourisme de masse.
Même si les restrictions de déplacement ne sont plus d’actualité, d’autres sites naturels ont besoin d’être soulagés de la foule touristique qui les arpente. C’est tout le propos de Fodor’s, une maison d’édition américaine qui remet les populations locales au cœur des intérêts touristiques et dévoile une liste de destinations où ne pas aller pour les préserver. Le guide explique bien que les voyageurs ne doivent pas les boycotter, mais plutôt avoir conscience de l’impact de leurs choix lorsqu’ils organisent leurs vacances. Il rappelle que le voyage est responsable de 8 % des émissions de gaz à effet de serre et que la facture devrait encore augmenter d’ici 2023. Le tourisme de masse est ainsi brandi comme l’une des causes de la destruction de l’environnement.
Première destination touristique mondiale avant la pandémie, la France n’échappe pas aux choix de Fodor’s qui a constitué trois catégories pour sa “no list” : les sites naturels qui ont besoin d’une pause, les attractions culturelles qui sont épuisées par la surpopulation, et les endroits dans le monde touchés par la crise de l’eau.
Cet anti-classement engage ainsi les lecteurs à une prise de conscience sur la nécessité de préserver Étretat. Le fameux refuge normand d’Arsène Lupin est “durement touché par un afflux de visiteurs” écrit Fodor’s. Et de préciser : “L’usine de traitement des eaux usées de la petite ville a dû être fermée pour entretien l’année dernière car elle ne pouvait pas accueillir trois fois plus de visiteurs que sa population habituelle”. Le top de la “no list” est français, avec les Calanques de Marseille en deuxième position. Un système de réservation pour limiter le nombre de visiteurs a d’ailleurs été mis en place, limitant la présence à 400 personnes par jour.
Sans surprise, du côté des destinations culturelles, le guide américain alerte sur la nécessité de préserver Venise, rappelant que 80 000 curieux étaient venus visiter la Sérénissime chaque jour juste après la réouverture des frontières. En Italie, la côte Amalfitaine, où les voyageurs s’entassent sur des promontoires rocheux escarpés pour observer droit devant eux les belles îles de Capri, Ischia ou Procida, a autant besoin de souffler durant la haute saison. Enfin, en ce qui concerne les destinations souffrant de crise d’eau, Fodor’s révèle que l’accès à l’eau douce sur l’île hawaïenne de Maui est très compliqué, au point que des restrictions ont été imposées aux résidents.
Voici les destinations qu’il faut préserver et donc qu’il ne faut pas visiter en 2023 selon Fodor’s :
Pour les sites naturels
- Etretat, Normandie, France
- Les calanques de Marseille, France
- Lac Tahoe, Californie, Etats-Unis
- Antarctique
Pour les destinations culturelles
- Les sites populaires d’Italie : Venise et la côte Amalfitaine
- Les Cornouailles, Angleterre, Royaume-Uni
- Amsterdam, Pays-Bas
- Maya Bay, Phi Phi Leh, Koh Tao, Thaïlande
Pour les destinations souffrant d’une crise de l’eau
- Maui, Hawaï, Etats-Unis
- Le bassin versant du sud de l’Europe (Rhin, Danube, Malaga, la Grèce)
- L’ouest américain (lac Powell, lac Mead, Arizona, Nevada)