Quand est-ce que l’on passe à l’offensive durable ? Les dernières parutions du rapport du GIEC ont clairement tiré la sonnette d’alarme sur notre temps de réaction et d’adaptation à la situation. Le secteur touristique est passé par des décennies de remise en question, de recherche, d’innovation, de réflexion, mais surtout… de solution. Le temps nécessaire pour permettre au concept durable de mûrir et de mobiliser ses troupes. Néanmoins, l’offre du marché ne suit pas encore l’urgence actuelle. D’après une enquête menée auprès de plusieurs communautés d’influenceurs voyage par Nouvelle Lune Agency, 91,9 % souhaitent que les agences de voyages proposent une offre durable, ce qui nous mène à la réflexion suivante : l’offre est-elle à la hauteur de la demande ?
Entre conscience et initiative, le public balance
En collaboration avec le Digital Green Tourisme (DGT), cette enquête a été menée fin 2021 auprès de plus de 5 000 personnes, correspondant aux communautés de 11 influenceurs voyage français. Les chiffres démontrent une réalité problématique du secteur : bien que 98,5 % ont conscience que le tourisme a un impact sur l’environnement et que 84 % pense que le tourisme responsable est, de nos jours, indispensable ; ils sont 40 % à ne pas (encore) mettre en pratique des actions pour voyager de manière responsable.
Quant aux 60 % qui s’engagent à appliquer des solutions à leur échelle, nous retrouvons la mobilité, au travers du type de transport et de la durée du voyage, ainsi que le choix de l’hébergement, aux côtés des gestes respectueux de l’environnement et le soutient aux initiatives locales, socio-économiques et culturelles.
Un certain écart entre conscience et initiative se remarque donc au niveau des consommateurs. Certains déclarent ne pas se sentir “éco-responsable” malgré quelques prises d’actions, et d’autres déplorent que peu de solutions sont à disposition pour rendre le voyage responsable plus facile à entreprendre.
Quand la demande n’est pas à la hauteur
La nécessité croissante d’éducation et d’information, accessibles et adaptées au grand public sur le tourisme durable, se fait sentir. Néanmoins, c’est avant tout un appel général pour l’industrie pour enfin mettre en œuvre l’intégration complète d’offres de voyage à impact positif et de prendre à bras-le-corps les enjeux socio-économiques et environnementaux impliqués.
92 % des répondants aimeraient que les agences de voyage proposent des offres durables. Mais on parle ici d’un besoin concret de transparence au niveau de la communication marketing, de génération d’impact positif au travers des produits ainsi qu’un réel engagement socio-environnemental sur la gestion. Adieu le greenwashing et les produits de niche, c’est une proposition de valeur à chaque offre dont le public est friand, on parle donc de changement de paradigme.
La raison, la culpabilité et la responsabilité : le trio décisionnaire
« Dans le contexte actuel, je m’interdis de voyage par manque de proposition durable”, « On est obligés de se restreindre volontairement pour être raisonnable et responsable » confient certains des répondants de l’enquête. La perception du voyage responsable reflète dans ce sens des prises de partis plus ou moins radicales, régie par la raison, la culpabilité ou bien l’auto-responsabilité, selon les convictions et point de vue de chacun. Cette radicalité renvoie de nouveau à notre problématique principale : un manque d’offre intégrée, d’engagement et de solution adaptée pour le grand public.
95 % pensent que le voyage durable est nécessaire pour continuer à explorer face à l’urgence climatique à laquelle nous sommes confrontés. Mais au-delà du simple fait de faire du tourisme, c’est une nouvelle vision du voyage qui doit se généraliser : celle de la génération d’impact positif, de la minimisation de l’empreinte carbone, de l’objectif altruiste de découvrir des territoires, de la préservation des ressources culturelles et environnementales.
Le tourisme durable n’est plus une “alternative” mais bien une nouvelle réalité face à laquelle certains gros acteurs du secteur font encore de la résistance. Le 2e volet du 6e rapport d’évaluation du GIEC rendu public ce 28 février, nous l’a bien dit : anticiper coûtera bien moins cher que réparer. Au-delà d’adapter l’offre du marché, il faut agir en déployant cette nouvelle manière de voyager que réclament le grand public, celle d’un tourisme sensé, respectueux et engagé.
Source : Tourisme durable : quand l’offre n’est pas encore à la hauteur de la demande