Ulrich Andriantiana: « Un million de touristes à l’horizon 2020 »

  • Temps de lecture :8 min de lecture

Ulrich_Andriantiana

Le secteur touristique continue de progresser malgré des difficultés, sans doute surmontables. Le ministre du Tourisme, des Transports et de la Météorologie, Jacques Ulrich Andriantiana, reste optimiste.

Mada 7 : Monsieur le Ministre, quelles perspectives pour le secteur du Tourisme à Madagascar ?

Ulrich Andriantiana : le ministère dispose depuis quelque temps d’objectifs chiffrés et quantifiables en la matière. Notre principal but, c’est de parvenir à un million de touristes dans la Grande Ile en 2020. On a connu cette année une progression de 10 à 20% par rapport à 2014. L’an passé, quelque 257 000 touristes ont visité Madagascar. Pour cette année, on devrait parvenir à drainer 300 000 touristes.

La contribution de tous les secteurs liés au tourisme est toutefois nécessaire si on veut s’assurer de cette réussite. La formation professionnelle doit être assurée. L’accès aérien au pays doit être amélioré. La participation à divers salons de promotion est toujours nécessaire. De même, les évènements qui devraient attirer les touristes doivent être soutenus, pour ne citer que le festival Donia de Nosy-Be, le Festival des baleines de Sainte-Marie, et, très prochainement le Carnaval de Madagascar à Antananarivo.

De quelle manière se traduit l’appui du ministère du Tourisme à la filière ?

Le ministère s’est toujours efforcé de soutenir le secteur, notamment à travers le volet du budget de l’Etat destiné à l’appui au secteur privé. C’est à travers ce transfert de fonds que le ministère peut appuyer divers évènements comme le salon ITM, et les autres évènements touristiques que je viens de citer. Nous privilégions aussi les plateformes de dialogue. Car notre fierté se base sur quatre points : d’abord, le désengagement. Nous préférons attribuer aux organismes rattachés les principales prises de responsabilité. Ensuite notre priorité c’est la régulation, la règlementation et la facilitation.

En parlant de plateforme de dialogue, qu’en est-il aujourd’hui du Conseil national du Tourisme ?

Nous nous penchons plus particulièrement sur ce cas. Comme je l’ai dit, les plateformes de dialogue sont nécessaires. Il y a déjà l’Office national du Tourisme de Madagascar (ONTM) mais il est temps aussi de relancer le Conseil national du tourisme. Ce sera une plateforme de dialogue permanent. Nous l’avons relancée pour plus de cohérence. Cette plateforme sera tripartite, avec la participation du ministère, de la présidence de la République, de la Primature et, bien sûr, du secteur privé. C’est l’occasion d’évoquer les maux et les solutions en vue de la promotion de la filière. Ce sera aussi une opportunité d’établir la stratégie, à travers notamment l’élaboration d’une politique sectorielle et d’une politique de promotion du tourisme. Les documents-cadres seront ainsi élaborés.

Parlons des mesures d’accompagnement pour promouvoir le secteur…

L’accès aérien fait partie des principaux enjeux. On s’efforce de redresser la compagnie aérienne nationale, par exemple. Le renouvèlement de la flotte est en cours. Un deuxième ATR est attendu ce 31 mai. Le vol inaugural, Nosy-Be-Antananarivo, est déjà programmé. Deux Boeings sont attendus cette année. Le contrat a été déjà signé. Le premier 737-800 arrivera en mi-juin tandis qu’un autre appareil est prévu vers le mois de novembre ou décembre. Je dois préciser que le choix du Boeing a été celui des employés d’Air Madagascar, puisque c’est la marque avec laquelle ils sont plus familiers et avec laquelle ils ont acquis de l’expérience.

Outre le redressement de la compagnie aérienne nationale, l’alliance Vanille est progressivement mise en place. Elle prévoit la collaboration avec les autres compagnies aériennes de la Région, comme Air Austral, Air Mauritius et Air Seychelles. D’autres compagnies devraient aussi contribuer à la desserte des régions touristiques dans le pays. La compagnie aérienne mahoraise Ewa, par exemple, a obtenu une autorisation de desservir l’île Sainte-Marie.

Les touristes pourraient venir en masse, mais certains ne se sentent pas en sécurité !

Diverses actions ont été menées dans ce domaine. Non seulement pour les touristes. Mais en ce qui nous concerne, c’est la sécurisation des touristes qui suscite des questionnements. La police du Tourisme est en cours de mise en place. Sa création a été fixée par un décret en 2014, mais des détails doivent être mieux étudiés. On l’a déjà installé à titre d’essai à Nosy-Be. Des formations et des entrainements ont été programmés. Les éléments de la police du Tourisme sont issus de la police nationale et de la gendarmerie. Elle doit de nouveau être opérationnelle avant la prochaine haute saison touristique.

Quoi qu’il en soit, l’aspect sécurité a déjà été étudié pour les zones à haute potentialité. Les effectifs des forces de l’ordre ont été augmentés pour Sainte-Marie et Nosy-Be, entre autres. Les éléments ont aussi été équipés, notamment en véhicules 4×4. Une étroite collaboration a été mise en place entre le ministère du Tourisme, celui de la Justice et le Secrétariat d’Etat chargé de la Gendarmerie.

Qu’en est-il du volet formation ? Les opérateurs touristiques évoquent souvent le cas du CFTH de Nosy-Be ?

Effectivement, c’est un sujet qui préoccupe souvent les professionnels. Car il faut des personnels qualifiés dans le secteur. Concernant le Centre de Formation du tourisme et de l’hôtellerie (CFTH) de Nosy-Be, la formation reprendra au mois de juillet prochain. Un accord a été de nouveau établi avec la Fondation Suisse. C’est l’INTH qui va assurer la formation. Le syllabus sera discuté en étroite collaboration avec toutes les entités concernées. Des lacunes ont été, en effet, constatées par les professionnels. Les métiers de base comme celui des serveurs, des barmans et des réceptionnistes devaient être appuyés par la formation.

Le secteur évolue, mais le secteur informel est quelquefois trop présent…

C’est vrai. L’informel sape souvent la dynamique et la bonne volonté des professionnels. Nous déployons des efforts pour faciliter l’intégration de tous les acteurs dans le secteur formel depuis quelque temps. Les contrôles doivent être améliorés, et si nécessaire, ils doivent être assortis de sanction.

Le ministère du Tourisme recommande aussi le recours aux macarons spécifiques pour que les touristes se sentent mieux sécurisés. On peut imaginer des indications du genre « recommandé par l’administration touristique ». Je me réfère à cet effet au système du petit Futé ou du guide du routard. Le secteur formel doit bénéficier d’un coup de pouce. Nous sommes en collaboration avec l’ONTM et le PIC dans ce projet.

Votre conclusion…

Le ministère du Tourisme souhaite toujours la collaboration des opérateurs privés et des médias pour la promotion de la destination Madagascar. Il nous incombe à tous d’améliorer l’image du pays à l’étranger. Car le tourisme, c’est aussi de la création d’emplois, une contribution à la croissance économique, l’amélioration de la rentrée des devises et la promotion de l’artisanat. Au niveau national, le tourisme contribue à hauteur de 5,6% du PIB.

Source : Ulrich Andriantiana: « Un million de touristes à l’horizon 2020 » – JR