AFRIQUE : tourisme durable et biodiversité, un mariage de raison

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En Afrique, le tourisme durable est une solution préconisée par différents acteurs pour protéger et rentabiliser la biodiversité. Les initiatives déjà en place contribuent à réduire la maltraitance des animaux, les émissions de CO2 grâce aux énergies renouvelables, ainsi que l’utilisation des déchets plastiques sur les sites touristiques.

La biodiversité africaine subit de multiples pressions, notamment la conversion des habitats naturels en terres agricoles et en zones urbaines ; le développement non intégré des infrastructures ; la surexploitation des ressources ; l’introduction d’espèces exotiques envahissantes ; la pollution de l’air, de l’eau et des sols ; le braconnage et le trafic d’animaux sauvages. À cela s’ajoute encore le changement climatique.

En Afrique, le tourisme est étroitement lié à la destruction de la biodiversité (végétale et faunique). À défaut de stopper définitivement cette activité, rentable et parfois cruciale pour le développement économique des territoires, les gouvernements et les entreprises touristiques prônent désormais des pratiques plus durables.

La réduction des déchets plastiques

Le groupe hôtelier français Accor souhaite ainsi retirer, d’ici à 2022, tous les articles en plastique à usage unique de l’expérience client de ses 3 358 hôtels, dont 116 se trouvent en Afrique. Ainsi, le 4 mars 2021, Accor a intégré « The Pledge ». Le programme de tourisme durable, conçu et lancé en 2019 par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) en partenariat avec l’autorité thaïlandaise du tourisme et la plateforme de voyage mondiale Expedia, promeut des pratiques responsables, la résilience des communautés et la conservation du patrimoine.

En Afrique, la pollution plastique a atteint des proportions alarmantes. Le Maroc, à lui seul, dépasse la barre du million de tonnes de déchets plastiques produit chaque année. Plus de 33 % de ces ordures sont déversées dans des décharges non contrôlées. Les déchets plastiques se retrouvent également sur les plages marines du royaume chérifien, décimant les espèces aquatiques. Pour favoriser une meilleure gestion de ce type d’ordures au Maroc et dans de nombreux autres pays du monde, la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement et la Fondation internationale pour l’Éducation à l’Environnement (FEE) labélisent, depuis 2012, les plages qui sensibilisent les touristes à l’adoption des gestes durables, notamment en matière de gestion des déchets. C’est le cas des mégots de cigarette, des bouteilles, des emballages alimentaires, des fragments de polystyrène, des sacs plastiques, du matériel de pêche, des bouchons de bouteilles, des cotons-tiges ou encore des bâtons de sucettes.

En 2020, 26 plages marocaines labélisées « Pavillon bleu » ont été identifiées par un drapeau bleu. Les communes labélisées au Maroc prennent en charge la gestion complète des plages qui relèvent de leur périmètre. De plus, ces municipalités sont soutenues par le programme « Plages propres » de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement, appuyée par la Direction générale des collectivités locales, les départements ministériels concernés et des partenaires économiques qui leur apportent des compétences managériales et un appui financier.

Si certaines entreprises et des opérateurs mettent l’accent sur un pan spécifique de la préservation de la biodiversité, d’autres proposent un service « nature » complet.

Une hospitalité plus respectueuse de la biodiversité

Le groupe américain Preferred Hotels a lancé récemment « Beyond Green », un label offrant des séjours basés sur le tourisme durable et respectueux de la biodiversité. En Afrique, 10 hôtels du groupe ont intégré ce nouveau concept de tourisme écologique. Ces établissements sont situés au Botswana (le Wilderness Safaris DumaTau Camp, Wilderness Safaris Mombo Camp et le Xigera Safari Lodge), en Namibie (le Beyond Sossusvlei Desert Lodge et le Wilderness Safaris Hoanib Skeleton Coast Camp), au Kenya (le Beyond Bateleur Camp), en Tanzanie (le Beyond Mnemba Islande), en Afrique du Sud (le Bushmans Kloof) au Rwanda (le Wilderness Safaris Bisate Lodge), au Zimbabwe (Le Wilderness Safaris Linkwasha Camp).

Contrairement aux offres des hôtels conventionnels, les hôtels « Beyond Green » proposeront aux clients « des expériences qui ont du sens ». La démarche touristique durable de Preferred Hotels favorise notamment l’utilisation des énergies renouvelables au lieu des énergies fossiles, réduisant les factures d’électricité et les émissions de gaz à effet de serre dues à l’utilisation massive de combustibles fossiles (gaz, pétrole, charbon, etc.). Les hôtels « Beyond Green » s’engagent également à protéger le patrimoine naturel et culturel, et à contribuer au bien-être social et économique des communautés locales.

Luxury Green Resorts, détenu par le Fonds gabonais d’Investissements stratégique (FGIS) et l’hôtelier singapourien Amanresorts proposent également aux touristes des séjours plus respectueux de la biodiversité. Le projet, intitulé « Écotourisme africain Safari », permettra la construction d’éco-lodges (hébergement de touristique conçu pour avoir le moins d’impact possible sur l’environnement naturel dans lequel il est situé, Ndlr) dans les 13 parcs nationaux du Gabon, notamment à Loango dans le sud du pays, à Moukalaba Doudou dans le sud-ouest, à Lopé et Ivindo à l’Est, et à Pongara situé l’ouest du pays, à proximité de Libreville.

Ces changements qui s’imposent aux touristes, parfois malgré eux, contribuent également à réduire la maltraitance des animaux. En Afrique, l’écotourisme génère par ailleurs des emplois et des revenus, entraînant alors une plus grande incitation à jouer la carte de la conservation.

La fin de la maltraitance des animaux dans le circuit touristique

La criminalité faunique a pris des proportions inquiétantes en Afrique. Selon le deuxième rapport sur la criminalité liée aux espèces sauvages, publié le 10 juillet 2020 par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), un éléphant est abattu toutes les 25 minutes en Afrique pour ses défenses. Il en va de même pour les rhinocéros, dont 4 individus sont abattus chaque jour en Afrique. Les autres espèces animales sont également concernées par le braconnage.

Pour contribuer à la protection de l’environnement, outre l’optimisation de sa consommation d’eau qui devrait ainsi « diminuer de 50 % », le groupe hôtelier américain Hilton sensibilise les touristes de passage dans ses établissements, notamment en Afrique à la déclaration WTTC de Buenos Aires sur les voyages. Le projet, baptisé « Big Five », vise à impliquer les acteurs du tourisme dans la lutte contre le commerce d’espèces sauvages.

L’initiative « Big Five » fait suite au récent lancement des objectifs « Travel with Purpose 2030 » qu’Hilton s’est fixés et qui consistent à doubler les investissements sociaux de la société hôtelière et à réduire de moitié son empreinte environnementale à l’échelle mondiale.

En Afrique, la maltraitance des animaux est également présente au niveau du transport des touristes. Dans la région Afrique du Nord par exemple, les chevaux et les dromadaires sont encore utilisés dans le circuit touristique. En avril 2019, l’antenne Asie de l’ONG de protection des animaux Peta (People for the Ethical Treatment of Animals) a publié une enquête révélant les maltraitances des chameaux et des chevaux dans le transport de touristes autour des pyramides « coups, déshydratation, sous-nutrition, manque de soins… » « On ne connait pas les chiffres exacts, mais on estime que plusieurs centaines de chevaux et de dromadaires seraient maltraités sur ces sites touristiques égyptiens », déplorait Anissa Putois de l’ONG Peta France la même année.

AFRIQUE : tourisme durable et biodiversité, un mariage de raison©BlueOrange Studio/Shutterstock

Outre le rapport de l’ONG Peta, la maltraitance des animaux dans le circuit touristique a été dénoncée par plus de 500 000 défenseurs de la cause animale, poussant le gouvernement égyptien à agir. Le ministère du Tourisme a ainsi annoncé récemment son intention de recourir aux bus électriques, une option écoresponsable, pour le transport des visiteurs dans les principaux sites touristiques et zones archéologiques du pays. Cette mesure vise à préserver les animaux qui ploient sous le poids du tourisme. Les véhicules électriques contribueront également à réduire les émissions de gaz à effet de serre, principale cause du dérèglement climatique.

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