Art de vivre : Pandémie oblige, les tables d’Antananarivo nagent en eaux troubles

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Face à la pandémie du COVID-19 et les mesures sanitaires prises par le pouvoir, l’art de vivre tananarivien, surtout dans le secteur de la restauration, veut tenir le coup en rebondissant avec la livraison à domicile. La rude concurrence accompagne les compressions de personnel. 

Pionnier de la pizza à emporter situé en plein centre-ville à Analakely, Le Point D’exclamation a décidé de relancer les livraisons à domicile depuis le 7 avril, allant de la pizza au poulet pané, des tapas jusqu’au burger. Le principe est élémentaire : faire parvenir aux clients les commandes sans qu’ils ne bougent de chez eux. Ces derniers pourront profiter de délicieux repas, tout en évitant les déplacements qui pourraient les exposer au COVID–19. Il a fallu prendre une décision puisque le confinement partiel n’est pas un cadeau pour les entreprises privées (sauf pour certaines).À la guerre comme à la guerre, malgré des délaissés sur le champ de bataille pour les dizaines de restaurants de la taille de PME dans la capitale, depuis le début du confinement partiel, donc l’interdiction de rassembler plus de 50 personnes et le respect des distances sociales. Les tables d’Antananarivo ont décidé de passer au service à la commande. Entre « fast-food » et gastronomie, certaines grandes enseignes n’ont pas hésité à opter pour cette roue de secours.

« En réalité, cela ne marche pas. Si on traduit cela en chiffres, nos pertes atteignent les 60 %. Prenons des chiffres au hasard. Si en temps normal, nous pouvons gagner cent mille ariary journellement, là c’est à peine si on atteint les quarante mille. Alors, nous le faisons juste pour satisfaire nos clients. Le personnel a été compressé et nous ne maintenons que ceux qui sont indispensables à la marche de l’entreprise. Nous avons des charges comme le loyer, l’électricité… », explique Antonio Fournier, gérant du restaurant Tsiro Laqué. Si chez les professionnels, des mesures strictes répondant aux normes sont prises, depuis quelques jours, des particuliers décident également de se lancer dans le business, incitant les observateurs à se poser des questions sur la sécurisation des livraisons, particulièrement au niveau sanitaire.

Derrière cet esprit entrepreneurial à la limite de la survie se cache une autre réalité. Une responsable dans un restaurant réputé d’Antananarivo ne s’en cache pas. « J’ai dû réduire le nombre de mes employés de 8, passant de 27 à 9 pour l’instant. Mais plus rapidement on remonte, plus vite je peux réembaucher les anciens et éviter les dégâts ». Quinze jours de confinement partiel, pas moins de six sociétés dans le secteur de la gastronomie et de la restauration d’Antananarivo envisagent de mettre les clés, définitivement, sous la porte.

De plus, ces quinze jours de confinement risquent de porter le coup de grâce aux métiers de bouche. Les restaurateurs, les services traiteurs, les salles de réceptions, surtout pour les mariages, connaissent également des baisses conséquentes d’activité. D’autant plus que ces derniers ne savent pas encore vers qui se tourner. Des coups de tête venant de certains secteurs, comme des cabarets ou des casinos, sont à envisager vers la fin de cette deuxième période de confinement partiel. Cela pour dire que si la classe ouvrière a été directement frappée par les dispositions sanitaires, la classe moyenne commence également à en ressentir les impacts.

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