Que l’on bâtisse ou que l’on embellisse son établissement, l’heure est à l’éco-conception. Matériaux, peintures, papiers peints… rien ne doit être laissé au hasard par les professionnels des CHR. Car les clients sont en attente de signes d’engagement dans le durable, thème au coeur de l’édition 2022 du salon EquipHotel.
“Nous sommes de plus en plus sensibles au local, au sourcing des matériaux, à l’écoresponsabilité”, observe Laurent Maugoust. Architecte d’intérieur et designer, il participe à la réalisation d’un espace consacré à la chambre dans l’édition 2022 du salon EquipHotel. Un espace qu’il conçoit tel “un manifeste” pour interroger notamment sur la conception écoresponsable. Une priorité désormais dans ses projets et chantiers liés à l’univers des CHR. Parce que c’est bon pour la planète, mais aussi parce que les clients y sont de plus en plus sensibles. Selon une étude Greet-Opinion Way de mai 2022, “plus de 8 Français sur 10 sont prêts pour l’hôtellerie circulaire”. Parmi leurs priorités, ils citent la lutte contre le gaspillage alimentaire (69 %), l’approvisionnement local en produits alimentaires de l’hôtel (64 %), le recyclage des déchets (48 %), ou encore le choix de matériaux durables dans la construction de bâtiment (36 %).
► Éco-conception : former et informer. Pour réussir sa transition écologique, le premier réflexe consiste à former ses équipes. Parler RSE, environnement et autres bons réflexes pour la planète devient aussi une évidence lors des entretiens d’embauche, car les jeunes générations y voient un élément d’attractivité. L’idée étant d’établir, en interne, un engagement commun et inciter ainsi à s’approprier quelques bons gestes, tel que trier les déchets, limiter l’utilisation du papier, éviter le plastique… Un parti pris qui, ensuite, va faciliter la pédagogie vis-à-vis des clients.
► Matériaux : faire le bon choix. Adopter une ‘green attitude’, c’est aussi repenser ses matières premières en termes de construction ou de rénovation. Architectes et designers misent volontiers sur du naturel, du solide, du lavable, du recyclable. Et les fournisseurs s’adaptent. Dans les allées du salon EquipHotel, on trouve aussi bien des tissus d’ameublement composés à 100 % de déchets plastiques recyclés (Vescom) que de la peinture naturelle (Ressource), où les résines pétrochimiques sont remplacées par des résines d’origine végétale ou minérale telles que l’argile, la chaux ou l’huile végétale. Quant aux sols, ils se parent de matériaux innovants. À l’instar de la collection Dolce Vita (Balsan) : il s’agit de dalles textiles made in France et écoresponsables, car composées de fil à 75 % recyclés et pourvues d’un envers Ecosoft qui compte 90 % de feutre recyclé et 0 % de bitume.
► Combien ça coûte en plus ? Comparé à un établissement classique, un hôtel ou un restaurant conçu dans une logique responsable et durable coûte plus cher à bâtir. Un surinvestissement de 20 à 30 %, lié notamment à la pose de panneaux photovoltaïques. Toutefois, au regard des économies d’énergie réalisées, c’est amorti en moyenne en cinq ans. Par ailleurs, des aides financières existent. Exemple : le fonds de tourisme durable de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) dispose d’une enveloppe de 50 M€ pour l’année 2022. Les PME et TPE du secteur de l’hôtellerie-restauration installées en zone rurale peuvent postuler pour obtenir un soutien financier, plafonné à 10 000 €. Ce coup de pouce vise à faciliter la concrétisation d’un projet en lien avec la transition écologique ou le slow tourisme.
► À qui demander conseil ? Le dispositif européen Tourisme propose aux PME des ateliers de formation pour faire évoluer leur pratique, ainsi qu’un accompagnement en vue d’acquérir un écolabel. Quant à Betterfly Tourism, éditeur de solutions online et spécialiste de l’évaluation environnementale, il a imaginé le logiciel Winggy. Celui-ci permet de mesurer les impacts environnementaux d’un hôtel, d’un restaurant ou un spa, bâtir des plans d’action pour réduire les coûts et délivrer une étiquette environnementale, calquée sur le principe des étiquettes accordées aux appareils électroménagers.