Destination Nosy-Be : Recrudescence des bateaux de plaisance et des hôtels informels

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L’Office Régional du Tourisme de Nosy-Be (ORTNB) a déployé de nombreux efforts afin de maintenir l’île de Nosy-Be au rang de destination phare de Madagascar.

Toutefois, « les acteurs économiques locaux ont rencontré divers problèmes ne permettant pas de bien développer leurs activités. Ce qui pourrait ainsi constituer un frein au développement du tourisme de Nosy-Be. De notre côté, nous assurons la promotion des sites terrestres et marins existants afin d’attirer non seulement des touristes étrangers mais aussi des touristes nationaux. Les opérateurs économiques ont également apporté leur contribution au développement local. En revanche, l’Etat doit en même temps prendre ses responsabilités afin de lever ces contraintes liées au développement du tourisme. On peut citer, entre autres, la recrudescence des bateaux de plaisance et des hôtels ainsi que des sites d’hébergement informels », a expliqué Samsidine Adolphe, le Président du Conseil d’Administration de l’ORTNB.

Pas de permis d’exploiter. Au niveau du port de Nosy-Be, « on recense au moins 70 bateaux de plaisance comme des bateaux à voile ou à moteur, voire des yachts, qui portent des immatriculations étrangères mais qui opèrent ici. A ma connaissance, la loi en vigueur n’autorise pas les navires battant pavillons étrangers à opérer dans nos eaux maritimes tant que ceux-ci ne seront pas immatriculés sous pavillon malgache. Ils ne disposent que d’un permis de circulation dans le port et non pas d’un permis d’exploiter. Cependant, on les identifie via des sites web promouvant la destination Nosy-Be. Et ils effectuent de nombreuses activités touristiques telles que le transfert ou l’excursion en mer ou la plongée sous marine, et ce, au détriment des navires formels. Ce sont notamment des bateaux de plaisance battant pavillons sud-africain, seychellois, mauricien et réunionnais. Par contre, les bateaux de croisière possèdent une autorisation internationale légale pour faire des touchées à notre port », a-t-il dénoncé.

Victime de sa popularité. Les établissements hôteliers informels sont également en nette recrudescence. « Ils n’ont pas une autorisation d’exploitation délivrée par le ministère de tutelle. Et ils ne sont pas non plus membres de l’ORTNB. Pourtant, ils sont au nombre d’une centaine qui s’affichent sur un site web hébergé à l’étranger afin d’attirer des touristes à choisir la destination Nosy-Be. Ces établissements hôteliers informels appartiennent à des Malgaches résidents ou aux étrangers de nationalité française ou italienne ou aux membres de la diaspora malgache à l’extérieur. D’autres infrastructures hôtelières informelles sont également en cours de construction », d’après toujours les explications de Samsidine Adolphe. Et il a enchaîné que des maisons ou villas appartenant aux particuliers sont transformées en site d’hébergement tout en échappant au contrôle de l’Etat. En fait, « la destination Nosy-Be est victime de sa popularité. En effet, durant la période de haute saison touristique ou bien les festivals organisés localement, tous les hôtels affichent complets. C’est pourquoi, bon nombre de maisons sont utilisées pour accueillir des touristes aussi bien nationaux qu’étrangers. Certains vacanciers dorment même dans les voitures faute d’hébergement », a-t-il soulevé.

Renforcer le contrôle. Force est pourtant de remarquer que la formalisation et la sanction des informels ne relèvent pas de la compétence de l’Office Régional du Tourisme. C’est pourquoi, « nous interpellons l’Etat face à cet état de fait. Il faut renforcer le contrôle car la recrudescence de l’informel contribue au développement du tourisme sexuel et à l’augmentation des trafics de drogues. Il y a plus de deux semaines, la gendarmerie a arrêté un trafiquant de drogue dure à Dzamandzar », a-t-il précisé. Par ailleurs, le non -respect de la loi sur la construction des infrastructures hôtelières pose un grand problème à Nosy-Be. « On se demande où sont déversées les eaux usées des hôtels installés au bord de la plage alors que nous avons des richesses marines à protéger comme les tortues de mer, les coraux et les requins baleines. Il y a actuellement un danger alarmant sur les espèces marines locales à cause de l’insalubrité des plages, sans compter les impacts du changement climatique selon une étude menée par le Centre National de la Recherche Océanographique », a révélé le PCA de l’Office Régional du Tourisme de Nosy-Be.

Délestage. Et ce n’est pas tout ! La dégradation des infrastructures routières dans cette première ville touristique constitue un autre obstacle au développement du tourisme à Nosy-Be. « Elle s’est empirée par l’envahissement des Bajaj incontrôlables. Ce qui crée des embouteillages monstres dans toute la ville. Du jamais-vu dans l’histoire de l’île aux Parfums. En effet, un trajet de 5 minutes ne peut plus être effectué qu’en une heure actuellement. Une perte de temps pour les touristes, surtout pour les croisiéristes. En outre, le délestage y règne encore. Or, nous vivons dans un climat très chaud presque tout au long de l’année. La population a ainsi besoin d’une climatisation. Les opérateurs touristiques sont, de ce fait, obligés de recourir aux groupes électrogènes. Ce qui entraîne une dépense supplémentaire surtout en matière d’achat de carburants. Du coup, ils investissent assez dans l’entretien périodique de leurs établissements hôteliers alors que c’est une nécessité », a-t-il soulevé. Notons que de nombreux établissements hôteliers de petite taille ne peuvent pas se permettre de se procurer des groupes électrogènes. D’autres en disposent mais ils informent bien leur clientèle que la climatisation ne peut pas fonctionner en cas de délestage pour éviter une surcharge. Les coupures de courant sont fréquentes et cela survient presque tous les jours. En plus, « le délestage peut durer une heure puis l’électricité revient et ensuite il y une autre coupure pendant une trentaine de minutes, et ce, dans la même journée », selon le gérant d’un hôtel à Nosy-Be.

Devis à 6 millions Ar. A part cela, « le problème d’adduction d’eau potable constitue un autre obstacle au développement du tourisme. Il n’y a qu’un seul quartier qui soit alimenté par l’eau potable fournie par la Jirama, seulement entre 5h et 6h du matin tous les jours. Les abonnés sont de moins en moins nombreux alors que Nosy-Be dispose d’une dizaine de lacs sacrés permettant d’alimenter en eau potable la population de la ville. Une borne fontaine est installée dans chaque quartier. Et l’eau qui y coule est payante. Par contre, certains hôteliers préfèrent exploiter de l’eau du puits étant donné que le devis permettant d’avoir un branchement en eau de la Jirama est coûteux, atteignant jusqu’à 6 millions d’ariary », a évoqué le PCA de l’Office Régional du Tourisme de Nosy-Be. Et enfin, la grogne des touristes monte constamment en raison de la mauvaise qualité des service offerts par la compagnie Tsaradia pour desservir Tanà et Nosy-Be. Le retard et le report, voire l’annulation de vols deviennent très fréquents depuis ces derniers temps.

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