Le tourisme durable est une problématique dont peine à s’emparer les géants de l’industrie. Mais si les acteurs traditionnels ne se soucient pour le moment que peu de la question, VaoVert souhaite devenir l’étendard français du tourisme durable. La plateforme met en relation client et hébergeur, et espère devenir l’équivalent de Booking orienté sur la question environnementale. Interview de Mélanie Mambré, la créatrice de VaoVert.
Pour remédier à cette lacune nationale, la jeune femme a tourné la page de ses 11 années d’expérience dans le secteur bancaire, pour se lancer dans le grand bain de l’entrepreneuriat.
Elle a créé ainsi son propre site qui a pour vocation “de recenser l’ensemble des établissements dans l’Hexagone qui valorisent le tourisme durable, par des gestes et une politique globale.”
Cette marketplace ne veut pas seulement se limiter à établir un lien entre un client et un hébergeur, mais surtout animer une communauté autour d’un intérêt commun.
Une année 2019 qui fera basculer l’avenir de la start-up ?
La start-uppeuse a identifié ce manque de tourisme durable après de nombreux voyages, notamment dans des pays en voie de développement.
“Sauf que dans notre pays, ce n’était pas, à l’époque, un axe de développement du tourisme.”
De retour derrière le guichet de la banque, et à la recherche d’évasion pour souffler après des longues semaines stressantes, Mélanie Mambré surfe sur Internet à la recherche d’un établissement répondant à la thématique du développement durable autour de chez elle.
Face à la complexité et au temps incroyablement long pour trouver la perle rare, la fondatrice de VaoVert décide alors de saisir l’opportunité de ce vide, en 2017.
La start-up prend forme au début de l’année suivante et le portail apparaît sur la toile en juillet 2018, avec plus de 50 établissements recensés uniquement en France.
Pour attirer l’attention du staff de VaoVert, l’hébergement doit répondre à différentes attentions, “sous peine d’être refusé”.
Ainsi un établissement doit remplir 4 critères : “il faut un réel engagement pour l’écologie, un tri des déchets, un accueil humain envers le visiteur, et le gérant doit partager ses bons plans écoresponsables avec les voyageurs.”
Pour valoriser le développement durable dans le tourisme, les établissements se voient remettre des petits badges selon leurs engagements.
Après six mois d’existence et plus de 100 établissements enregistrés, les réservations commencent à tomber, les commissions pour la start-up aussi.
Après un premier exercice qui consistait à proposer une offre la plus conséquente possible, l’année 2019 sera primordiale. Elle est considérée comme étant celle “de la preuve de concept” par Mélanie Mambré.
Objectif : 3 000 réservations en 2019 ?
Ces embauches ont été permises par une première levée de fonds de 300 000 euros.
Pour le moment, celle-ci suffit à développer la start-up, même si l’une des principales problématiques de l’année 2019 sera d’accompagner la croissance et les projets.
Prochainement VaoVert devrait proposer le paiement des réservations directement sur la plateforme, qui a pour objectif de comptabiliser à la fin de l’exercice près de 400 établissements, contre la centaine actuelle.
La start-up va aussi devoir faire face à un problème de poids : celui d’exister, surtout pour amorcer les ventes au printemps, car l’objectif est de générer entre 10 et 15 réservations par hébergement.
Pour atteindre cet objectif, un premier CDI a été signé l’année dernière, pour nommer un responsable de la communication.
“Se lancer sur Internet, c’est un peu comme se lancer dans le vide sans parachute”, image Mélanie Mambré.
Les équipes consolidées, l’un des enjeux pour ce début d’année est de mener une importante campagne de communication, pour être fin prêts en mars et passer à la vitesse supérieure.
D’autant que le développement durable n’attire pas seulement les plus jeunes, mais aussi et surtout “les jeunes retraités à la recherche d’authenticité, de valeurs et qui souhaitent redécouvrir leur territoire”.
Pour répondre à une clientèle aux profils aussi divers, il convient d’aménager sa communication.
Et pour le moment, la start-up n’a pas été contactée par les professionnels du voyage. “Les acteurs du tourisme, notamment durables, sont venus vers nous, mais pour les agences ou les tour-opérateurs, c’est encore trop tôt.
Les grandes plateformes ont tourné leur business vers le tourisme d’affaires et de masse, nous ne sommes pas dans leur ligne de mire”, se félicite presque la fondatrice de VaoVert.
Le vide laissé par les autres permet à la start-up de tracer son chemin.
Qu’est-ce qu’un site Internet éco-construit ?
Ainsi, pour promouvoir cette mouvance de l’industrie touristique, la marketplace devait impérativement répondre à la question de la limitation de la pollution numérique.
Pour limiter son impact sur l’environnement, le site Internet a été “éco-construit” par des développeurs spécialisés pour que “le projet soit écologique du début à la fin”.
Et Mélanie Mambré de détailler : “les sites sont de plus en plus lourds et nécessitent des ressources toujours plus importantes. Pour faire apparaître une photo d’une plateforme ou une application sur votre téléphone, il y a plusieurs allers-retours entre les serveurs et le terminal sur lequel est consulté le site.
Ces images transférées mais surtout les vidéos, toujours plus présentes sur les sites, sollicitent des serveurs toujours plus nombreux qui ont besoin de climatisations pour les refroidir.
Un développeur sensible à la question m’avait confié que si nous supprimions tous les mails qui ne sont plus utilisés, cela pourrait éclairer la Tour Eiffel pendant 50 ans. A plus petite échelle, la suppression de 20 mails avec une pièce jointe permet d’alimenter une ampoule pendant une journée.”
Un site Internet, pour être éco-conçu, doit réduire “les allers-retours et les chargements. Pour cela, il faut utiliser des polices légères, ne pas mettre trop de couleurs, ni de vidéos et que les photographies soient réduites.”