Les Seychelles, une certaine idée du paradis

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Sur l’île de Desroches, l’une des plus préservées de l’archipel des Seychelles, tourisme de luxe renoue avec biodiversité.

C’est peu après le lever du soleil, quand elle est encore endormie, que l’île livre certains de ses plus beaux secrets. Il suffit d’arpenter ses longues plages de poudre blanche pour observer les allées et venues des raies, au bord des eaux limpides de l’océan Indien, encore désertes à cette heure de la journée, pour le constater. Les plus chanceux croiseront peut-être quelques tortues géantes, les gardiennes de ce coin de paradis. Elles y sont plus nombreuses que les êtres humains, et la légende raconte que leur doyen, nommé George, aurait récemment soufflé ses 120 bougies. Bienvenue à Desroches, un banc corallien d’environ 5 kilomètres sur un et demi, perdu dans les Amirantes, l’un des quatre archipels qui constituent les îles extérieures des Seychelles. Nous sommes à 900 kilomètres au nord de Madagascar, cinq degrés sous l’équateur.

Plongée dans le respect de la faune

En fin de matinée, rendez-vous sur la plage de Madame Zabre pour une séance de snorkeling (palmes, masque, tuba). Le lieu offre un point de vue éblouissant : une petite crique ombragée, bordée d’une forêt dense de cocotiers et de filaos sauvages, laisse place à une immense étendue de sable fin où le bleu curaçao de la mer fond en dégradé jusqu’à se perdre dans le ciel. L’excursion sous-marine est encadrée par les biologistes de l’organisation Wise Oceans, qui oeuvrent à sensibiliser les touristes à la préservation d’une faune régulièrement malmenée par El Nino. L’île est en effet l’un des spots de plongée les plus prisés au monde, notamment grâce au Desroches Drop, un labyrinthe de grottes sous-marines avec une constellation de coraux, mis à mal par les changements climatiques. Pour ceux qui ne pratiquent pas la plongée, la séance de snorkeling vaut déjà le détour : entre les récifs et les bancs d’algues marines, carangues, tortues, concombres de mer et autres espèces aquatiques se laissent apercevoir, à condition de ne pas les approcher de trop près.

Un unique repaire ultra-luxueux

Avec ses plages interminables, sa cocoteraie, son minuscule village créole et ses couchers de soleil insolents, Desroches est l’un des confettis les plus exclusifs. Rien d’étonnant à ce que le groupe hôtelier Four Seasons ait choisi d’y installer son dernier projet, un repaire ultra-luxueux qui occupe désormais tout le sud-ouest de l’île. Avec ses 71 villas construites dans un esprit cabanon chic, chacune dotée d’une piscine privée, c’est la destination parfaite pour goûter au bien-être cinq étoiles, se nourrir de king crab fraîchement pêché et déguster, à la tombée de la nuit, des pina coladas préparées avec un rhum local. Il est aussi la seule installation touristique de l’île accessible depuis Mahé, l’île principale, moyennant un vol de 40 minutes à bord d’un petit avion de 20 places. Lorsque l’on quitte les falaises de granit de Mahé, et que se dessinent petit à petit les contours luxuriants de Desroches, banc de sable perdu dans l’océan, la magie opère instantanément. Deux vols quotidiens sont assurés par l’Islands Development Company, une entreprise gouvernementale qui veille à ce que tourisme et écosystème parviennent à cohabiter harmonieusement.

Un havre dédié à la préservation des tortues géantes

Car si les villégiatures de luxe contribuent largement à l’économie du pays, son gouvernement tient à en réduire les impacts négatifs. A travers le plan Seychelles Sustainable Development Strategy, lancé en 2012, il oeuvre à promouvoir un tourisme raisonné. C’est en accord avec ce programme que Four Seasons a bâti son resort, qui accueille au coeur de ses installations le centre de biologie marine de Wise Oceans, et travaille main dans la main avec l’Island Conservation Society sur un programme de soin et de reproduction des tortues géantes. Dans les allées de l’établissement, les déplacements se font à vélo ou en buggy électriques, fournis gratuitement par l’hôtel. Dans les villas privées comme dans les restaurants, l’eau est servie dans des bouteilles réutilisables, et les pailles, totalement bannies.

La transition vers un modèle 100% écologique n’en est certes qu’à ses balbutiements (on peut s’interroger sur l’empreinte carbone laissée par 14 vols hebdomadaires), mais ces engagements constituent une première étape non négligeable vers un tourisme plus raisonné. Reste que pour goûter au climat tropical, bercé par un rythme de vie insulaire qui fait oublier toute notion du temps, ou observer, à la tombée de la nuit, une voie lactée digne des clichés de la Nasa, Desroches est assurément la destination idéale.