La gestion du dossier concernant le litige opposant Air Madagascar et Air France sur l’achat des deux Airbus A 340 – 300 s’annonce difficile pour le nouveau régime
Cette semaine s’avère décisive quant à l’avenir de la compagnie aérienne nationale Air Madagascar. On apprend en effet que normalement, le tribunal de commerce de Paris rendra, peut-être mercredi prochain son verdict sur le litige opposant Air France et la compagnie malgache.
Très gourmandes
Ce litige rappelons-le concerne le paiement des loyers des deux Airbus A 340 acquis pendant la période transitoire sur la base d’un contrat de vente- location contracté auprès d’Air France propriétaire de ces deux appareils qui étaient déjà dans un état de vétusté avancée et très difficile à gérer. La preuve depuis leur acquisition, ces deux Airbus A 340, très gourmandes en jet fuel sont devenus des sources de nombreuses difficultés pour Air Madagascar. Pire, l’un des deux avions était bien souvent cloué au sol et ses entretiens et réparations ont coûté des millions de dollars à Air Madagascar dont les finances sont déjà au plus bas. Et le cauchemar n’est toujours pas fini pour Air Madagascar, car actuellement, c’est Air France qui lui réclame plusieurs millions de dollars pour ce qui serait une défaillance concernant le paiement des loyers de ces deux avions qui sont en très mauvais état. On ne connaît pas encore les chiffres officiels de cette transaction mais certaines sources parlent de 500.000 dollars par mois qu’Air Madagascar n’aurait donc pas payé selon les termes du contrat.
Mort certaine
D’où cette demande d’Air France d’être dédommagée par Air Madagascar. Là encore, on ne connaît pas le montant exact des sommes à payer. Elles dépasseraient, selon certaines sources, les 100 millions de dollars. En tout cas, si le tribunal de commerce de Paris donne raison à la puissante Air France et condamne la petite Air Madagascar, cette dernière aura énormément de difficultés et sera même menacée d’ une mort certaine. A moins qu’Air Austral, le partenaire stratégique puisse faire quelque chose pour la compagnie malgache. Mais là, il ne faut visiblement pas se faire trop d’illusion car au final le partenariat stratégique passé entre les deux compagnies n’a pour le moment pas apporté les bons effets attendus pour Air Madagascar, et partant, pour l’Etat malgache. Pour preuve de ce mauvais résultat à mis parcours du partenariat stratégique, l’on constate actuellement que pour Air Madagascar, la situation n’est pas tellement reluisante, puisque sur l’international, elle est fortement handicapée par la mauvaise performance des deux vieux Airbus A 340-300 qui ne sont plus très confortables et qui grèvent énormément les finances de la compagnie en raison des charges trop lourdes, ne serait-ce qu’en termes de consommation de kérosène. Sur le réseau domestique, l’avènement de la filiale « Tsaradia » est censé apporté un nouveau souffle, mais les passagers continuent de souffrir de nombreux manquement, notamment, en termes de régularité.
Injuste
Quant à l’Etat malgache, ou plutôt les contribuables dont la plus grande partie n’a jamais pris un avion, le sacrifice consenti est énorme. En effet, pour faire passer le partenariat stratégique, le précédent régime a accepté l’exigence démesurée d’Air Austral de payer sur les recettes de l’Etat, 303 milliards d’ariary pour éponger les dettes d’Air Madagascar. Et permettre ainsi à Air Austral de racheter les 49% du capital d’Air Madagascar pour 15 millions de dollars. Et là encore des zones d’ombre persistent puisque, faute de fonds propres, Air Austral a dû contracter des prêts auprès de l’AFD et d’un consortium de banques commerciales. Pire, la CNAPS, un organisme public malgache a été sollicité pour aider la compagnie régionale Air Austral à acheter la compagnie nationale Air Madagascar. Acheter une compagnie malgache en empruntant de l’argent auprès des Malgaches s’avère en tout cas injuste. Dans tous les cas, Air Madagascar se trouve actuellement dans une position très difficile. Si par malheur, le tribunal de commerce de Paris dont la prochaine audience aura donc lieu après- demain prononce une condamnation, ce sera le début de la fin. Et même si elle est épargnée, la poursuite du partenariat stratégique pour qu’il puisse porter réellement les intérêts du pays, est une autre affaire. Espérons que les nouveaux dirigeants puissent trouver la meilleure option pour gérer cette crise qui risque, à terme de mettre Air Madagascar sur la voie d’une compagnie en voie de disparition. Fierté nationale où es- tu ?