Que faire quand un touriste auto-centré grave son nom sur les pierres du Colisée à Rome, quand un autre balance des détritus sur un membre de la garde royale à Londres ? Que faire contre l’inflation proportionnelle à la fréquentation touristique dans certaines villes ? Comment lutter contre la pollution directement liée à l’afflux de touristes ? Depuis quelques années, de Barcelone à Venise en passant par Kyoto, Dubrovnik ou l’île de Boracay aux Philippines, les hauts spots touristiques se rebiffent. Découvrez comment !
En 2017, une manifestation anti-touristes fortement suivie par les habitants de Barcelone dégénérait et se terminait par l’attaque d’un bus de touristes… Et ce n’est qu’un exemple, certes extrême, de démonstrations de ras-le-bol d’habitants de villes et de lieux victimes d’une hyper-fréquentation touristique. A Barcelone, depuis 2016, la mairesse, Ada Colau, s’est attaquée au problème en mettant en place une mesure drastique pour réguler le nombre d’hébergements, à travers un plan urbain de logement tourisme qui prévoit la stagnation et la régulation des hébergements touristiques.


Réguler la fréquentation des sites touristiques ou interdire leur accès !
Lorsque le tourisme de masse s’attaque à un site en particulier, réguler et limiter son accès est la solution la plus prisée pour lutter contre le sur-tourisme. A Angkor Wat, les autorités ont presque doublé les droits d’entrée au site – de 20 $ à 37 $ – en 2016 et pour limiter le nombre de visiteurs – 2,5 millions de touristes en 2017 -, elles ont aussi restreint l’accès au sanctuaire central du site à des groupes n’excédant pas 100 visiteurs en même temps. Aux Galapagos, ce sont les sorties en mer qui sont visées et régulées. Parallèlement, la découverte de l’archipel à pied est encouragée, à condition de se plier à 14 règles précises et de ne se rendre que dans les sites autorisés. Au Machu Pichu, seulement deux horaires de visites quotidiennes sont programmées et le site n’accueille pas plus de 5 000 visiteurs par jour. Dans la même veine, les autorités en charge d’endroits comme Santorin ou Dubrovnik ont adopté des mesures similaires. D’autres sont carrément allées plus loin en interdisant l’accès de certains sites menacés. Ainsi, en Thaïlande, les îles de Koh Khai Nok, Koh Khai Nui, et Koh Khai Nai au large de Phuket ont tour à tour été “fermées” au public le temps que la nature et la biodiversité reprennent leurs droits suite aux dégâts causés par les touristes. Il en est de même pour l’île de Boracay aux Philippines.
Non seulement le sur-tourisme a des conséquences néfastes sur l’environnement mais aussi sur le niveau de vie des locaux. Comment survivre dans certains quartiers quand les prix flambent ? A Barcelone, des mesures ont été prises pour réguler la monté des prix de l’immobilier mais aussi pour stopper l’invasion de nouveaux magasins destinés aux touristes.

D’autres mesures plus originales
Que faire contre le touriste mal élevé qui grave son nom sans aucun scrupule sur des vestiges millénaires, ou celui qui fait tomber une oeuvre d’art en pensant réaliser le selfie du siècle, ou encore celui qui nourrit avec n’importe quoi – voire saoule – les adorables cochons nageurs de l’île Big Major Cay aux Bahamas ? Les punir voyons ! De plus en plus d’autorités locales n’hésitent pas à verbaliser les touristes au comportement irrespectueux vis à vis de l’environnement et des locaux. Ainsi, par exemple, Rome et Venise ont établi un règlement répertoriant des règles de bonne conduite. Des règles entravées récemment par un couple de Berlinois pris en flagrant délit de préparation d’un petit café sur un réchaud au pied d’un des plus jolis ponts de la ville. Verdict : une amende de 950 euros ! Autre délit : la photographie… Et oui, à Kyoto, prendre des photos dans le fameux quartier de Gion, où vivent encore bon nombre de Geishas, est désormais interdit. Une décision prise par le comité des habitants dépité par les mauvaises manières de la plupart des touristes.
Quant à notre chère et douce France, elle n’est pas en reste. Le Sénat vient en effet d’adopter à l’unanimité des mesures pour lutter contre la sur-fréquentation de sites protégés tels que la dune du Pilat, le Mont-Saint-Michel ou encore le Mont-Blanc. Il en revient aux maires des communes concernées de les appliquer.