Programme Miatrika : Une bouffée d’oxygène pour les travailleurs du tourisme

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Des formations gratuites sont organisées par le Programme Miatrika Covid, pour soutenir les professionnels du tourisme. Une composante du Plan Multisectoriel d’Urgence très appréciée par les guides. Interview avec Manitra Randriambololona, président de la Fédération Nationale des Guides (FNG).

 Midi Madagasikara (MM). Face à la crise sanitaire, le gouvernement pousse les opérateurs touristiques à miser sur le tourisme local. Qu’en est-il des guides ?

Manitra Randriambololona (FNG). Il faut savoir que 29 associations de guides sur les 37 existants comprennent des guides qui travaillent dans les parcs nationaux. Effectivement, le développement du tourisme local peut avoir un impact car le service de guidage est obligatoire dans les parcs aussi bien pour les étrangers que pour les nationaux. Par ailleurs, les autres associations représentent des loueurs de voiture et des guides accompagnateurs. Ces derniers sont laissés en marge, car les touristes locaux n’ont pas forcément besoin de leurs services. De ce fait, certains guides s’efforcent de se reconvertir vers d’autres métiers, car il est question de survie.

  1. Comment se passent les activités d’aujourd’hui ?

FNG. Sur les 29 associations dont j’ai parlé, seulement 10 ont encore assez de clients, à l’exemple de celles opérant à Isalo, Ranomafana, Andasibe, Ankarafantsika, etc. Mais dans un parc, il existe en moyenne 80 guides. Ils appliquent un système de rotation et la fréquence est aujourd’hui très lente. Les guides accumulent des dettes. Certains vendent leurs biens pour survivre. D’après l’enquête que nous avons menée, des enfants de guides sont obligés d’arrêter leurs études, faute de moyens. Les parents priorisent les plus petits et sacrifient les études des plus grands.

  1. Des solutions sont-elles prévues pour faire face à cette situation désastreuse ?

FNG. Effectivement la Fédération a cherché des solutions. Nous avons demandé des subventions de l’Etat. Un lobbying a été fait avec la CTM (Confédération du Tourisme de Madagascar) pour obtenir des transferts monétaires. Mais le message des dirigeants était clair : « Par principe, il n’y aura pas de subvention ». On a alors demandé un fonds de garantie pour faciliter l’accès au crédit. Les négociations sont toujours en cours. Mais quelque chose est déjà acquis. La formation dans le cadre du Programme Miatrika Covid, considérée comme une réponse à notre appel au secours. Nous avons déjà demandé un renforcement de capacité pour soutenir la relance du secteur. Les modules sollicités concernent surtout les formations de base, la langue, l’entreprenariat, etc. Aujourd’hui, nous bénéficions de formations gratuites correspondant à ces attentes, à travers le Programme Miatrika et recevons par la même occasion des indemnités.

  1. Les guides sont-ils enthousiastes, face à ce programme ?

FNG. Le Programme Miatrika est mis en œuvre dans plusieurs zones comme Antananarivo, Diego, Sainte-Marie, dans le Sud-Ouest, etc. De nombreux guides issus de ces régions nous demandent comment souscrire et participer à ce projet. En tant que fédération, nous leur montrons comment faire. Il faut dire qu’au départ, il y avait des craintes sur les critères d’éligibilité. Mais les responsables auprès de Miatrika ont expliqué par la suite que tous les acteurs du secteur touristique peuvent bénéficier du Programme, à la demande d’entreprises ou d’associations formelles ou informelles, à condition que celles-ci opèrent dans le tourisme. Après une séance d’information organisée à Antananarivo, tous les guides s’intéressent au programme, même ceux qui rouspétaient auparavant. Ce programme représente une bouffée d’oxygène pour les professionnels du tourisme, « asphyxiés » par la crise.

  1. Etes-vous donc satisfaits ?

FNG. Oui, mais ce n’est pas la seule demande exprimée par la FNG. L’Etat, en partenariat avec le projet PIC (Pôle intégré de croissance) a répondu à certaines de nos demandes, mais d’autres processus sont en cours et nous espérons qu’ils aboutiront à des projets à mettre en œuvre.

Source : Programme Miatrika : Une bouffée d’oxygène pour les travailleurs du tourisme