Après le Covid-19, ce sont les coups d’État en Afrique de l’Ouest et la guerre en Ukraine qui menacent désormais la fragile reprise du secteur touristique.
« Le tourisme connaît un bon départ en 2022, mais fait face à de nouvelles incertitudes », indique l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) dans son baromètre de mars.
Si l’Afrique a connu une chute drastique des arrivées internationales due au variant Omicron en décembre 2021, « les taux d’occupation des hôtels ont augmenté de 48 % en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, et de 34 % en Afrique australe » entre janvier 2021 et janvier 2022, explique la Seychelloise Elcia Grandcourt, directrice du département régional pour l’Afrique de l’OMT, dans un mail à Jeune Afrique.
Selon cette dernière, l’accès aux vaccins, la levée des restrictions de voyage et une coordination renforcée peuvent permettre une reprise efficace du tourisme international. Mais l’offensive militaire russe sur l’Ukraine a rebattu les cartes.
650 000 touristes russes en Tunisie en 2019
Sur le continent, l’effondrement de la demande russe affecte surtout la Tunisie, où les Russes représentaient 7 % des 9,4 millions de touristes internationaux enregistrés en 2019, soit plus de 650 000 personnes, selon l’Organisation mondiale du tourisme.
Une clientèle que la Tunisie s’est efforcée de capter et de fidéliser ces dernières années, avec un certain succès : le nombre de touristes russes a plus que doublé depuis 2013, alors que les 300 000 arrivées russes constituaient un véritable moteur pour la reprise d’un secteur fortement freiné par la révolution. Quant aux Ukrainiens, ils étaient 30 000 à venir en Tunisie en 2019, selon une déclaration du ministre du Tourisme, Mohamed Moez Belhassine, à la presse tunisienne début mars.
« La clientèle russe est très présente depuis des années, surtout dans les hôtels qui proposent des formules all-inclusive, où le personnel est formé à parler russe », explique ainsi le directeur commercial d’une enseigne hôtelière internationale à Hammamet, lequel précise n’avoir « aucune visibilité » quant à la présence de ce public cette saison.
Les Russes avaient aussi largement contribué à la préservation du tourisme aux Seychelles pendant la pandémie : les îles de l’océan Indien, qui figurent dans le top 10 des destinations les moins touchées par la crise sanitaire, avaient vu leur proportion de visiteurs russes passer de 3 % en 2019 à 17 % en 2021.
Chute du pouvoir d’achat et des investissements
Mais le conflit a également un impact considérable sur le tourisme international du fait de l’inflation qu’il génère, notamment quant au prix du carburant.
« Il est certain que l’offensive militaire accentuera la pression des conditions économiques déjà difficiles, en réduisant le pouvoir d’achat des consommateurs, en sapant leur confiance et en rendant les investissements plus incertains », indique l’OMT dans son baromètre de mars. Le conflit est d’ores et déjà mis en avant pour expliquer la pénurie de kérosène qui a touché le 20 mars l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD), à Dakar.