Cette compagnie aérienne ne dispose pas de certificat de transport aérien, selon le ministre des Transports et de la Météorologie, Rolland Ranjatoelina.
« Le limogeage des deux Administrateurs de la compagnie aérienne nationale Air Madagascar, en la personne de Rinah Rakotomanga et de Mamy Rakotondraibe, l’ancien DG de la CNAPS, en tant que représentants de mon département ministériel, a bel et bien reçu l’aval du président de la République. Et ce n’est pas tout ! Le Chef de l’Etat m’a même ordonné de mener une enquête afin de poursuivre en justice tous ceux qui ont contribué à la ruine de cette entreprise. Les trois nouveaux administrateurs pour les remplacer sont déjà identifiés. On n’attend plus que la décision du président Andry Rajoelina, à son retour. Celui-ci a remis 5 millions USD, un fonds prêté par la BOA pour soutenir la compagnie. Un fonds perdu dans un entonnoir, m’a-t-il raconté ». Le ministre des Transports et de la Météorologie, Rolland Ranjatoelina, l’a révélé lors de sa rencontre avec le personnel d’Air Madagascar, samedi dernier. Parlant de Madagascar Airlines qui a été créée le 10 novembre 2021, suite à la déclaration de cessation de paiement d’Air Madagascar, il a également fait savoir que des anomalies ont eu lieu concernant le processus de mise en location gérance de la compagnie nationale et de Tsaradia à son profit.
Somme modique
Son équipe a dû mener de nombreuses investigations pour les découvrir étant donné qu’aucun document officiel concernant la situation de la compagnie aérienne, n’a été remis au ministre de tutelle, malgré les réclamations à maintes reprises auprès des responsables concernés. Il en ressort entre autres que les quatre actionnaires de Madagascar Airlines sont MGH avec une part d’action de 79,9%, Air Madagascar et Tsaradia avec une part d’action de 10% chacune et une tierce personne au nom de Mamy Rakotondraibe ne détenant que 0,1% des actions. En revanche, dans son business plan, ces parts d’actions sont de 55% pour MGH, 20% chacune pour Air Madagascar et Tsaradia et 5% pour cette tierce personne. « Je suis convaincu dès le départ que ces administrateurs limogés veulent à tout prix nuire à la compagnie Air Madagascar en vue de la céder à une somme modique. Je sais bien qui est derrière eux mais il ne me fait pas peur. Je suis ici pour défendre les intérêts de la compagnie et non pas ceux des particuliers », a déclaré le ministre Rolland Ranjatoelina. Une déclaration qui a ravi le personnel d’Air Madagascar. Et lui de préciser que Madagascar Airlines n’a qu’un statut mais elle n’est pas conforme aux lois régissant le transport aérien. « Elle ne dispose pas d’un certificat de transport aérien. L’Aviation Civile de Madagascar peut prendre une décision à son encontre demain. Parlant de son siège qui est localisé au 4e étage, loué à la Tour Orange, on va bientôt faire sceller ces bureaux, et ce, sur une décision du tribunal », a-t-il avancé.
Plus leur raison d’être
Par ailleurs, ce membre du gouvernement a rejeté le business plan visant à redresser la compagnie aérienne nationale. Il propose un autre plan en priorisant l’apurement des dettes s’élevant à 80 millions USD de l’entreprise qui sont ventilées comme suit : 40 millions USD envers l’Etat, 20 millions USD auprès des autorités françaises et 20 millions USD vis-à-vis des fournisseurs. « Je vous promets qu’Air Madagascar va redécoller en apurant et en aménageant ses dettes par le biais des négociations auprès de l’Etat et dans le cadre des accords bilatéraux. Une rencontre avec le ministre des Transports français est en vue, pour ce faire. Les bailleurs de fonds ont émis leurs avis favorables. Quant aux dettes envers les fournisseurs, je suis en train de mener des pourparlers, entre autres avec le propriétaire des ATR pour s’engager à les régulariser, tout en négociant un contrat plus souple de trois mois renouvelables avec lui et d’autres loueurs d’aéronefs. Une fois que ces dettes seront absorbées, le syndic et Madagascar Airlines n’ont plus leur raison et Air Madagascar reviendra à la normale. Ces gens malintentionnés ont fait un montage financier pour voler au sein de la compagnie. Je ne vais pas céder malgré les menaces que j’ai reçues. À part cela, le président de la République a annoncé que deux avions ATR de 18 places seront affrétés à la compagnie afin d’assurer les liaisons au niveau des aéroports secondaires éparpillés dans toute l’île. Ce qui permettra de desservir les 50 Aires Protégées et réserves naturelles qui attirent les touristes internationaux à venir à Madagascar. C’est un des moyens de redresser vite Air Madagascar », d’après toujours le ministre Rolland Ranjatoelina. Pour sa part, le président du syndicat des employés de la compagnie, Alain Rabetrano a soulevé qu’il ne devrait y avoir aucune pression de la part des deux parties. « Nous continuons à travailler normalement. En revanche, nous réclamons que les employés ne doivent pas encore signer de contrat individuel tant que la situation n’est pas résolue. Tout doit être en stand-by. En effet, on se retrouve entre le marteau et l’enclume », a-t-il conclu.