Quels seront les contours de l’hôtel de demain ?

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Est-ce seulement Airbnb qui a poussé les hôtels à évoluer ? Pas sûr. Le profil des clients aussi. Notamment ceux de l’hôtellerie de luxe : plus jeunes qu’avant, connectés, curieux de tout, tout le temps, tout de suite… À cela s’ajoute l’envie des voyageurs de vivre et se distraire comme les locaux, le nomadisme de la vie de bureau, les problématiques du développement durable…

C’est de tout cela dont ont parlé les trois invités au débat ‘Quel hôtel pour demain ?’, organisé en marge de l’exposition ‘Hôtel Métropole-depuis 1818’, qui prenait place début janvier au pavillon de l’Arsenal à Paris (IVe). Trois invités aux profils complémentaires qui ont brossé un portrait de l’hôtellerie du futur : Aurore Malpièce Bégué, directrice communication et marketing de TB Associés, Emmanuel Sauvage, cofondateur et directeur général du groupe Evok Hôtels Collection, et Ramy Fischler, designer belge et créateur de RF Studio.

  • Jouer un rôle dans la ville

On ne vient plus à l’hôtel juste pour dormir. C’est le premier constat qu’ont dressé les participants au débat. “L’hôtel est un lieu de curiosité, de rencontres, de travail… On ne peut donc plus le concevoir sans lui ajouter un vrai point de restauration : c’est-à-dire avec une offre de qualité, un service de qualité et une carte qui évolue de 7 heures du matin jusqu’à 2 heures du matin”, explique Emmanuel Sauvage. Le patron du groupe Evok assure que la restauration, ainsi appréhendée, peut représenter “plus de 50 % du chiffre d’affaires d’un hôtel. Autre conséquence : l’ouverture d’un hôtel avec restaurant, bar, salle de sport, spa… à l’image du Brach à Paris (XVIe), que le groupe Evok s’apprête à dupliquer à Rome et Madrid, “c’est 200 à 300 emplois créés et ça dynamise tout un quartier”.

Un avis partagé par Aurore Malpièce Bégué, qui rappelle l’importance du “vivre ensemble” , faisant allusion aux nuisances sonores qu’un hôtel peut générer. “À nous, professionnels, de mieux travailler cette problématique en amont”, dit-elle. Et ce que ce soit avec la mairie, les collectivités locales ou autres associations de riverains.

Quant à Ramy Fischler, impliqué dans l’ouverture prochaine d’un hôtel 5 étoiles sur les Champs-Élysées (VIIIe), il s’interroge sur l’impact que pourrait avoir son projet dans l’histoire et l’évolution de ce quartier “moins parisien qu’avant”.

  • S’ouvrir à tous les publics

“Les gens sortent de plus en plus pour boire et manger. À New York, il existe des programmes immobiliers où les appartements sont dépourvus de cuisine”, détaille Aurore Malpièce Bégué. Elle rejoint donc Emmanuel Sauvage quant aux plages horaires XXL des bars ou restaurants : “On doit pouvoir recevoir du matin jusqu’au soir, du café à 1 € jusqu’au caviar avec vodka.

Quand on parle de modularité, mieux vaut cibler celle du public que celle de pièces de mobilier qui vont vite être fragilisées à force d’être manipulées”, commente Ramy Fischler. “Lorsqu’un lieu est trop modulable, il est moins beau, confirme Emmanuel Sauvage. C’est la clientèle qui fait le lieu et, même dans le luxe, il faut savoir s’adresser aux locaux.

Et ce, d’autant que les touristes veulent les rencontrer, les approcher, pour avoir la sensation de vivre au même rythme qu’eux. Le patron du groupe Evok fustige, ici, les hôtels de la capitale qui facturent leur café à plus de 10 € : “Là, c’est sûr, le Parisien ne vient pas !

  • Miser sur le durable

Enfin, l’hôtel de demain sera écologique. Chez Evok, une cellule a été mise en place pour aller au-delà des draps de bain que l’on ne change pas tous les jours. Emmanuel Sauvage parle d’une réflexion en cours pour diminuer, voire remplacer l’usage des vernis, encres, colles… Il cherche des fournisseurs de produits bio “qui peuvent travailler le volume”. “Quant aux clients de palaces ou hôtels équivalents, qui veulent des fraises en hiver, on en a encore, mais les mentalités évoluent”, assure-t-il.

“Le luxe doit être écologique, conclut Ramy Fischler, qui vient d’imaginer des assises pour la brasserie du chef étoilé Thierry Marx à la Tour Eiffel (VIIe), dont on peut garder 80 % de la structure si on souhaite les renouveler. “Demain, en allant à l’hôtel, il faudrait que le client puisse vivre une expérience écologique supérieure à celle qu’il peut avoir chez lui”, reprend-il. Le designer voit l’hôtel de demain “comme une machine qui pourrait donner envie au client de vivre autre chose. 

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