Tendances : Madagascar, l’éden préservé

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A la différence de tant d’autres destinations, le nord-ouest de Madagascar, n’a pas été dénaturé. Photo © Glow Images

Écotourisme. Portée par la douceur de son climat, la région préservée de Majunga, dans le nord-ouest de cette île de l’océan Indien, est en passe de devenir une nouvelle destination phare.

Majunga (ou Mahajanga), ville située dans la région de Boeny, possède une beauté primaire d’un monde encore préservé. La ville, “cité des fleurs”, frappe par sa vie sémillante. Dès l’aube, les ruelles s’emplissent d’une activité vive puis, avec la chaleur, tout se calme. L’activité réapparaît, fourmillante et désordonnée, à la tombée du jour, surtout dans les marchés. Ces bazars ombragés, emplis d’odeurs de cuisine, bigarrés d’épices, colorés de pierres précieuses ou encore de tissus splendides sont la richesse de Majunga.

Au sud de la ville, la baie de Bombetoka, bouche béante du fleuve Betsiboka, déverse ses flots dans le canal de Mozambique. Par un effet d’ironie, Marianne continue de trôner au coeur de l’hôtel de ville et la figure tutélaire du père de l’indépendance, Philibert Tsiranana, côtoie celle de Charles de Gaulle. Cette alchimie a quelque chose de précaire. Et seul un tourisme responsable peut faire vivre cette harmonie sans l’altérer.

C’est le tour de force que réalise l’hôtel Antsanitia Resort, situé à une vingtaine de kilomètres au nord de Majunga. Éric Gateau le dirige de main de maître. Il a su lui insuffler une véritable dynamique, misant, à juste titre, sur le concept du tourisme intégré : touristes et populations locales se retrouvent en interaction constante, poussant les premiers à se fondre dans la réalité de la vie malgache là où, pour les seconds, le site amène un développement économique fondé sur des critères éthiques.

Cette forme de tourisme a permis aux populations de mieux se prendre en charge. Près de 75 locaux sont ainsi impliqués dans la vie de l’hôtel (piroguier, guide, gardien…). Sans dénaturer les équilibres sociaux et environnementaux, Éric Gateau a également oeuvré pour l’émergence d’un complexe respectueux des espaces : le bâti, inspiré de l’architecture malgache, se fond parfaitement dans son décor idyllique de forêt vierge débouchant sur d’interminables plages de sable blanc.

L’hôtel, dans ce cadre paradisiaque, est fort agréable. La nourriture bio qu’il propose est composée essentiellement de plats à base de poisson, d’une grande finesse, et son rapport qualité-prix est plus qu’attrayant. L’établissement a reçu le label d’écodéveloppement Green Globe, distinction qui ne doit rien au hasard. Poussant le concept d’écotourisme jusqu’au bout, une série d’initiatives a fleuri. « Par exemple, explique Éric Gateau, nous voulons montrer aux villageois que l’on peut faire quelque chose avec la terre. Essentiellement tournés vers la mer, ils en avaient perdu la maîtrise. Le but est qu’à terme les trois villages environnant l’hôtel [Antsanitia, Belamoti et Ankabokabe] soient en autosuffisance. Tout sera produit en local par les villageois. »

En ce sens, une pépinière a vu le jour et des plans sont régulièrement donnés aux villageois. La forêt environnante, détruite par une succession d’incendies, est en cours de reboisement afin de recréer une canopée. Un projet faramineux, car il s’agit de redonner naissance à tout un écosystème. « Cent vingt-cinq mille plants d’espèces endémiques dont le kapokier, le palissandre ou encore l’arbre de vie s’apprêtent à être repiqués cette année », conclut Tsiravay, chef du petit village de Belamoti et responsable des espaces verts.

Source :Par Joseph Dauce Tendances : Madagascar, l’éden préservé