Tourisme. « La distanciation kilométrique ne fait pas le vrai voyage »

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Prendre l’avion est dommageable pour la planète et de moins en moins privilégié. Alors comment inventer les plaisirs d’un tourisme près de chez soi ?

De plus en plus de voyageurs privilégient le train ou la voiture à l’avion pour se déplacer durant les vacances. Une des principales raisons : la pollution causée par ce mode de transport aérien. Entretien avec Audrey Beylac, co-autrice de “Voyager sans avion”.

Voyager sans avion, c’est la nouvelle tendance ?

Plus qu’une tendance, c’est une réponse qui fait sens face à l’urgence climatique. Derrière la prouesse technologique d’un oiseau de fer qui nous offre les airs et nous promet d’atteindre en un temps record tous les bouts du monde, s’impose maintenant une autre réalité moins extraordinaire. Celle d’un moyen de transport qui émet le plus de CO2 par kilomètre parcouru.

Prendre l’avion devient très culpabilisant…

Il existe en effet depuis ces dernières années, notamment en Suède, le « flygskam », littéralement la honte de prendre l’avion. Mais de notre côté, il ne s’agit pas de faire la morale aux voyageurs ni de diaboliser le secteur de l’aviation. Juste réfléchir à comment prendre des vacances autrement, avec le souci d’un tourisme responsable et durable, c’est ce que l’on appelle le slow tourisme.

Comment compenser l’appétit du lointain ?

L’industrie touristique a formaté notre regard en nous laissant croire que pour se dépayser, se déconnecter, il fallait partir loin de chez soi. Puis est venu ce besoin de mettre en scène ses vacances, de les rendre « instagrammables » et exotiques. Pourtant, la distanciation kilométrique ne fait pas le vrai voyage. Le vrai, c’est celui qui écoute nos aspirations, nous reconnecte à nous-mêmes, à nos proches. Et pour ça, l’aventure peut se trouver au bout de ma rue, dans la région d’à-côté. Nous avons cette chance en France, notre pays offre de nombreux dépaysements.

Mais les avions low cost et les formules tout compris ont démocratisé les vacances…

C’est vrai que des offres commerciales pour des séjours lointains sont parfois très séduisantes et ne trouvent pas d’équivalent en France. Mais si les prix sont cassés, il faut bien se dire que c’est au détriment, souvent, des salaires et conditions de travail des employés de ces sites, de ces compagnies. Partir loin à moindre coût mériterait de se demander, d’un point de vue éthique, ce que l’on est prêt à cautionner derrière.

En prenant moins l’avion, n’est-ce pas priver de ressources touristiques des territoires entiers ?

Bien sûr, certains sites ne vivent que par les charters de touristes mais au regard de l’urgence climatique, c’est aussi leur survie tout simplement qui est en question. Il n’y aura pas d’économie touristique possible si leur territoire se dégrade à vue d’œil.

Source : Tourisme. « La distanciation kilométrique ne fait pas le vrai voyage »